Dissection et représentation des muscles chez Vésale, Canano, Sagemolen
Francis Van Glabbeek
francis.vanglabbeek@uza.beUniversity of Antwerp and University Hospital Antwerp, Belgium
Jacqueline Vons
jacqueline.vons@univ-tours.frCentre d’études supérieures de la Renaissance, UMR 7323, Université de Tours, France
https://orcid.org/0000-0002-9185-6845
Les portraits anatomiques peints par Martin Sagemolen (ca. 1620-1669) et destinés à un atlas du corps humain qui ne vit pas le jour, sont pour nous une occasion extraordinaire d’avoir le regard du dessinateur sans les commentaires de l’anatomiste. Ces dessins en couleurs reflètent-ils la vérité des corps disséqués par Johannes Van Horne (1621-1670) et peuvent-ils contribuer à la compréhension des techniques de dissection du professeur d’anatomie de Leyde ? Si nous ignorons à quel public précis ces quatre albums comprenant 251 dessins d’os et de muscles étaient destinés, il semble légitime de les situer par rapport à des modèles antérieurs pour déterminer leur apport dans la connaissance et dans la diffusion de l’anatomie humaine11. Nous remercion (…) . Ainsi que l’ont souligné Jean-François Vincent et Chloé Perrot22. Vincent, Jean- (…) , certaines figures ne sont pas sans rappeler des postures de squelettes et d’écorchés des livres d’André Vésale, devenus des références ou des modèles figuratifs pour l’Europe entière aux xvie et xviie siècles.
Quelques principes méthodologiques pour l’anatomie du muscle↑
En 1543, André Vésale (1514-1564) publiait à Bâle chez Oporinus les deux ouvrages qui ont fait sa gloire posthume, le grand traité De humani corporis fabrica libri septem, et leur résumé ou Epitome, tous deux abondamment illustrés. Des sept livres du De humani corporis fabrica, celui consacré à la myologie est le plus long, comprenant 187 pages et 62 chapitres de longueur très inégale33. Ce livre se ca (…) , succédant au premier livre qui décrit le squelette.
Quatorze planches en belle page, huit en vue ventrale et six en vue dorsale, sont placées au début de ce deuxième livre et sont accompagnées de légendes permettant l’identification des structures ; à leur suite, deux planches indexent les muscles du pied. Cette présentation n’est pas due au hasard ni à l’éditeur. Elles doivent suppléer le corps autopsié lors de la séance de dissection pour ceux qui ne pourraient y assister, ou en cas de pénurie de cadavres, ou encore pour les futurs lecteurs. Leur emplacement et l’ordre de leur succession sont justifiés par Vésale lui-même dans une longue introduction au deuxième livre :
Les quatorze premières planches représentent en effet des silhouettes complètes. La première montre une vue antérieure d'un corps masculin, la seconde une vue plus latérale; les troisième, quatrième, cinquième, sixième, septième, huitième planches proposent également une vue antérieure plus ou moins tournée d'un côté ou de l'autre en fonction de la nature et de l'emplacement des muscles indiqués. Les six planches qui succèdent à la huitième montrent le corps en vue postérieure ; elles ont été dessinées de telle manière que chaque partie vue dans une planche soit réséquée dans la planche suivante et pende hors de son insertion. Toutes les planches sont proportionnées entre elles, de telle sorte qu'à chaque planche en vue frontale corresponde une planche en vue dorsale44. Vesalivs, De h (…) .
Le texte renvoie à la lettre à Oporinus55. Fab. : Lettre (…) précédant le premier livre pour les indications techniques et les explications du système d’indexation retenu : une capitale latine ou grecque pour le nom du muscle, des minuscules latines puis grecques pour les parties du muscle. Bien que les structures ne soient pas toujours identifiées par les mêmes items, le lecteur est invité à les suivre de planche en planche ; par exemple, l’item M de la onzième planche porte les indications suivantes :
M Ce muscle est le deuxième muscle moteur du bras [deltoïde], il est détaché de son origine et est entièrement retourné vers l'avant ; il était circonscrit par O, N et P sur la planche précédente66. Fab. II, p. 20 (…) .
Dans l’Epitome, deux images de corps nus, habillés de leur seule peau, sont offertes à la vue du lecteur avant d’être découpées en parties distinctes et superposées pour construire un mannequin en trois dimensions respectant les proportions de la silhouette entière77. Vesalivs, Andr (…) ; les planches de la Fabrique sont également proportionnées pour qu’une vue dorsale puisse être collée au dos d’une vue frontale, créant ainsi un personnage de papier que l’on peut tourner et regarder de face et de dos. L’ordre de présentation des muscles dans l’Epitome se décline a capite ad calcem, de dos puis de face, selon le principe de proximité des parties entre elles : aux muscles responsables des mouvements de la tête succèdent les muscles moteurs du rachis et de la scapula ; puis en vue antérieure, les muscles du thorax et ceux du membre supérieur, se déclinant de l’épaule au bras, passant par l’avant-bras et le poignet jusqu’aux muscles courts des doigts, avant que la description ne revienne aux muscles de l’abdomen et ne s’achève par ceux du membre inférieur.
Des modifications sont apportées à cette présentation dans la Fabrique au nom de l’ordre de la dissection : l’anatomiste travaille le plus possible en partant des muscles superficiels aux muscles profonds qu’il ôte successivement, sans nommer les muscles individuellement mais en les désignant par des périphrases (« muscle de la main, muscle du bras ») qui montrent le rapport entre le muscle et la partie du corps mise en mouvement par ce muscle. Cet ordre prime dans les planches comme dans le texte explicatif, obligeant en quelque sorte le lecteur à suivre les gestes de l’anatomiste dans le corps entier, à l’accompagner dans sa démarche de dé-composition du corps par couches successives et non pas membre à membre. Vésale s’en explique longuement au début du xxiiie chapitre, précisant dans la manchette externe que l’ordre qu’il a choisi est différent de celui de voisinage ou de proximité :
L’ordre de proximité signifierait qu’avant les muscles moteurs du bras, il aurait fallu décrire ceux qui sont responsables des mouvements de la tête, du rachis et de la scapula, du moins s’il avait été décidé de suivre les parties les plus proches de celles déjà disséquées. Mais on ne peut pas procéder à la dissection des muscles moteurs de la scapula tant que les muscles du bras sont encore entiers, et on peut encore moins disséquer ceux de la tête ou du rachis lorsque les muscles du bras n’ont pas encore été enlevés, aussi j’ai considéré que je ferais bien d’aborder la dissection des muscles moteurs du bras et ensuite ceux de la scapula, avant les muscles responsables des mouvements de la tête88. Fab. II, p. 46 (…) .
En effet à la description des muscles de la face et du cou, succède celle du bras [humérus] et des mouvements de l’humérus à l’épaule : flexion et extension, adduction et abduction, rotation médiale et latérale. La quatrième (imprimée par erreur prima tabula) et la cinquième planches montrent ces muscles dépliés comme des ailes.
Vésale abordera à nouveau cette question de méthode au début du chapitre xxxi du livre II (page 280) et au commencement du chapitre liii (page 230 [330]). Dans ce dernier chapitre, la rupture avec l’ordre de proximité est la plus nette, puisque les muscles de la jambe (c’est-à-dire la partie du membre inférieur située entre le genou et le pied) sont expliqués avant ceux de la cuisse (chapitre lvi).
La myologie de Vésale ne détruit pas l’édifice osseux bâti dans le premier livre, mais elle lui superpose une autre structure interne, systématiquement replacée et dessinée dans un corps entier ; dans le texte introductif, Vésale prévient les griefs éventuels que l’on pourrait adresser à ce procédé et le justifie par des raisons didactiques et esthétiques :
La raison pour laquelle j'ai réparti les représentations des muscles dans des planches intégrales, et que je n'ai pas placé le dessin de chaque articulation avec ses muscles au début de chapitres individuels est essentiellement le fait que si les articulations avaient été représentées séparément, personne n'aurait pu identifier leurs muscles, à moins d’être très expérimenté en anatomie. Mais puisqu'ici [dans les silhouettes intégrales] tout est attaché, chacun peut facilement découvrir l'emplacement de chaque muscle : et il aurait fallu de toute façon dessiner des figures entières même si les articulations avaient été représentées séparément99. Fab. II, p. 16 (…) .
Quelques figures sont cependant réparties au fil des chapitres pour mettre une structure particulière en évidence. Les quinzième et seizième planches sont des vues en gros plan des muscles du membre inférieur et de la face plantaire des pieds, membre déjà présenté dans les deux planches précédentes comme un membre supplémentaire, posé à terre, à côté du membre entier.
La description du muscle commence par l’insertion proximale (c’est-à-dire celle se situant le plus près du plan sagittal médian du corps), et se termine par l’insertion distale à laquelle est réservé le nom d’insertion ou d’implantation. Un item se présente donc fréquemment sous la forme suivante : « item Σ : muscle s'étendant le long de l'ulna et fléchisseur du poignet [m. fléchisseur ulnaire]. γ est sa tête, δ son insertion ». En dépit des modifications du vocabulaire, la description des muscles aujourd’hui se fait toujours selon des conventions proches de celles rencontrées chez Vésale. Communément, la première insertion décrite répond à celle située sur le segment fixe du squelette, la seconde sur l’élément mobilisé par le muscle en question. Des différences pourront toutefois s’observer selon l’évolution dans la compréhension de certaines structures du squelette ; c’est ainsi par exemple que les anatomistes du xvie siècle, suivant Galien, considèrent que l’os du métacarpe soutenant le pouce constitue la phalange proximale du pouce, et comptent donc trois phalanges pour le pouce, par analogie avec les autres doigts de la main1010. Vons Jacquelin (…) .
On peut toutefois regretter qu’une telle disposition dans le corps entier nous prive de vues individualisant le muscle dans ses rapports avec l’attache osseuse. Or, s’il existe bien un système à languettes relevables attesté dès le xvie siècle pour montrer les organes de l’abdomen1111. Carlino Andrea (…) ou la structure de l’œil1212. Bartisch Georg (…) , il n’y a pas d’équivalent, à notre connaissance, pour montrer la superposition de couches musculaires ou l’attache des muscles aux articulations, procédé qui sera parfaitement maîtrisé dans l’atlas myologique de Sagemolen, avec l’utilisation de volets repliables montrant alternativement la structure osseuse et l’insertion du muscle, ou encore un même muscle alternativement en extension et en abduction.
Mais si le muscle est bien l’instrument du mouvement volontaire dans la tradition galénique par opposition au mouvement naturel (par exemple le pouls artériel), Vésale s’écarte de Galien et des autres anatomistes qui décrivaient une structure identique pour tous les muscles1313. Fab. II, p. 21 (…) , et consacre un long développement à leur substance et à leur morphologie. Les parties du muscle – la tête, la terminaison appelée queue, tendon ou aponeurosis en grec, le ventre ou partie médiane – sont également notées et font l’objet de comparaisons multiples avec des formes animales, souris, lézards ou poissons, à l’apparence plus ou moins dodue. Il s’agit en effet de montrer que la fonction des muscles dépend aussi de leur structure et de leur substance intrinsèques, membranes, nerfs1414. Fab. II, p. 22 (…) et vaisseaux, en particulier des fibres de la substance charnue formant le ventre du muscle, c’est-à-dire d’une composante matérielle autant, sinon plus, que de l’esprit animal transporté par les nerfs. Il conclut : « Je pense que le muscle se contracte et se relâche par la force de l'esprit animal et grâce à la structure intrinsèque du muscle1515. Fab. II, p. 22 (…) . »
Les hommes musculeux dans les planches anatomiques de Vésale correspondent si bien à cette conception des muscles chez les vivants, que l’on en oublie que ces silhouettes saisies en plein mouvement ont perdu leur enveloppe extérieure ; la gestuelle de ces écorchés de plus en plus décharnés leur confère une présence « vivante », parfois matérialisée par une ombre (figure viii). Cela pose la question de la véracité de l’image et de sa finalité. Ou pour le dire autrement, faut-il travestir la réalité cadavérique, éventuellement faire mentir le corps autopsié, si l’on veut que ce dernier soit utile aux étudiants et aux médecins qui traitent de corps vivants ?
Quelques enseignements tirés de la dissection du muscle↑
Cette question du mouvement est également au centre des préoccupations et des réflexions d’un autre grand anatomiste, contemporain de Vésale. Giovanni Battista Canano (1515-1579), né à Ferrare, fit ses études de médecine dans cette cité que Savonarole avait déjà rendue célèbre. En 1537 il devint lecteur à l’Université de Ferrare et donna des cours de logique comme scolaris en 1540 ; il obtint le titre de professeur en 1543, à l’âge de 28 ans. Sa carrière académique se poursuivit jusqu’en 1552 avec une brève interruption en 1544 et 1548. Pendant cette période il pratiqua de nombreuses dissections de corps humains en privé, à son domicile, devant un public restreint, dans lequel on relève des figures connues d’anatomistes et de philosophes contemporains, Amatus Lusitanus (1511-1568), Archangelo Piccolomini (1525-1586), Ippolito Beccaria Boschi (1540 ?-1621?), Iacopo Antonio Buoni (1527-1587) ainsi que le frère d’André Vésale, au nom latinisé en Franciscus Vesalius (1521 ?-1552), tous intéressés par les progrès de l’anatomie. En 1552 Canano quitta son poste académique de Ferrare pour devenir premier médecin (protomedicus) du pape Jules III. À la mort de son patron en 1555, il revint à Ferrare où il devint le premier médecin du duc Hercule II d’Este puis du fils de ce dernier Alphonse II. Canano mourut en 1579.
En tant que médecin, il donna plusieurs consultations (consilia) sur des cas difficiles d’hypospadie1616. L’hypospadie ( (…) et de blessures au cerveau. En juillet 1544, il accompagna François d’Este, frère d’Hercule II, à la bataille de Saint-Dizier-en-Perthois, où, selon une tradition peu assurée mais tenace, auraient également été présents André Vésale, Daza Chacón (1510-1596) et Andres Laguna (1499-1559). Il rencontrera à nouveau l’anatomiste bruxellois en 1546 à Ratisbonne (Regensburg) au chevet de François d’Este, selon le témoignage d’André Vésale dans sa réponse aux observations anatomiques de Fallope (1523-1562), Anatomicarum Gabrielis Fallopii observationum examen, publiée en 1564 : lors de cette rencontre Canano lui aurait déclaré qu’il avait vu au début de la veine azygos et des veines rénales et sacrées, des valves semblables à celles de l’aorte et de la grande artère pulmonaire1717. Andreæ Vesalii (…) . Girolamo Fabrizi d’Acquapendente (1537-1619) les décrira en détail en 1603 dans son De venarum ostiolis1818. Fabrizi d’Acqu (…) .
La réputation d’anatomiste de Canano tient cependant essentiellement au seul livre qu’il ait publié, Muscularum humani corporis picturata dissectio, à partir des dissections privées faites à Ferrare et sous le patronage de Bartolomeo Nigrisolus, patricien de Ferrare. Ce volume in quarto est illustré de vingt-sept planches gravées sur cuivre décrivant l’anatomie des muscles du membre supérieur gauche, dessinées par Girolamo da Carpi, éminent artiste et architecte de cette époque. On ignore la date exacte de la parution. Elle a probablement été effectuée autour de 1542, par les soins de Francesco Rossi, imprimeur à Ferrare1919. Pour des raiso (…) . Ce mince ouvrage présente encore beaucoup d’inconnues et on peut s’interroger sur le but revendiqué par l’auteur dans la longue dédicace à Nigrisolus et dans la lettre au lecteur précédant les vingt-sept illustrations, et incidemment sur le choix du membre supérieur gauche, bien plus rarement représenté que le côté droit.
Le livre répond donc à une demande émise par Nigrisolus en même temps qu’il est un don, offert en remerciement pour des bienfaits antérieurs. La lettre au lecteur se présente comme un plaidoyer en faveur de la pratique anatomique, prenant appui sur la position modérée de l’écrivain romain Cornelius Celsus. Pour les empiriques de l’Antiquité comme pour les passéistes du xvie siècle, la dissection ne peut rien enseigner étant donné les modifications que la mort a entraînées dans les composants du corps humain : « Il est stupide de penser que tout ce qui existe chez un homme vivant reste tel chez un homme mourant et à plus forte raison chez un homme mort2020. Canano Giovann (…) . » Le médecin doit donc se contenter d’examiner des corps blessés ou tués accidentellement. À l’opposé, Canano défend la dissection humaine et consacre un beau développement à cette technique utile aux soins, qu’il faut apprendre méthodiquement et non en se fiant au hasard.
Ainsi s’opère le lien entre l’éloge de la modernité et le livre présenté au lecteur. La dissectio picturata résulte de la lecture des anciens, des observations personnelles faites par l’auteur à partir de sa pratique anatomique, et sa publication répond à l’exigence de diffusion d’un savoir nouveau, caractéristique de l’époque moderne. Dans la mesure où la connaissance des muscles, partie du corps la plus exposée aux blessures et aux coups, est absolument indispensable au chirurgien, Canano s’est chargé de leur dissection sous la conduite précise d’un parent, Antonius Marius Canano, médecin de Ferrare, et les a fait dessiner par Girolamo Carpi, un contemporain « aussi scrupuleux que talentueux2121. Dissectio pict (…) » avant de les faire graver sur cuivre et de les faire imprimer.
Le premier (et unique) livre contient donc vingt-sept planches du membre supérieur, suivant l’ordre préconisé par Galien dans le De anatomicis aggressionibus2222. Le titre de l’ (…) , et débute par une courte présentation des dénominations utilisées. Si la recherche du terme précis est également une préoccupation de Vésale, on constate des variantes lexicologiques intéressantes qu’on pourra suivre jusque dans les légendes portées sur les dessins de Sagemolen :
Dans ce premier livre, nous placerons les muscles de la main [membre supérieur] en suivant Galien ; mais nous comprenons sous le nom de « main » (selon la tradition d’Hippocrate et de Galien) ce qui est appelé bras [brachium] en langue vulgaire, et qui est divisé en trois parties principales : l’extrémité de la main (qui est plus communément appelée « la main »), le cubitus2323. Soit l’avant-b (…) , et ce qui est appelé brachion par les Grecs2424. Soit l’humérus (…) . L’extrémité de la main a trois parties : les doigts évidemment, le poignet qui est appelé karpos en grec, et entre les deux, ce que les Grecs nomment métacarpe et nous, « post brachial2525. Soit le métaca (…) ». Le bras, ou brachion si tu préfères l’apprendre en grec, est fait d’un seul os, que Celse a appelé humerus, mais le cubitus [avant-bras] que Celse appelle brachium, est composé de deux os, dont l’un est dit kerkis en grec, radius en latin, et le deuxième appelé pêchus par les Grecs mais cubitus par Celse2626. Vésale utilise (…) . Par ailleurs, à l’extrémité de la main [membre supérieur], il y a 27 os : huit dans le carpe, quatre dans le métacarpe, et quinze dans les doigts. Il convient de les avoir tous appris en vue d’une exacte connaissance des muscles dessinés dans ce premier livre ; après ces quelques mots, entrons dans le sujet !2727. Dissectio pict (…)
Le choix des muscles de l’extrémité du membre supérieur et l’importance donnée à la main sont sans aucun doute un héritage de l’incipit du De partium usu de Galien. Vésale y consacre six chapitres répartis sur près de vingt pages ; pendant son séjour à Paris, il avait réalisé une dissection soignée de la main2828. Fab. Præfatio (…) , qui est peut-être celle qui a servi au portrait gravé dans la Fabrique, et qu’il illustre à la page 219 du livre II.
De cette similitude de représentation peut-on induire une seule et même technique de dissection ? Si chaque description de muscle ou de groupe musculaire est suivie du protocole de sa dissection dans le De humani corporis fabrica, il faut reconnaître que le renvoi marginal à plusieurs planches montrant un même muscle sous différentes facettes ne facilite pas la lecture. Il nous a donc semblé plus pertinent de soumettre à l’expérimentation et à la discussion de l’anatomiste contemporain des muscles de la main isolés chez Canano et de les comparer avec les représentations qu’en donnât Sagemolen.
Le premier muscle mentionné par Canano est situé sur la face dorsale de la main entre le pouce et l’index, la légende précise qu’il « est attaché par des fibres obliques ». Le dessin se réfère au premier m. interosseus dorsalis ; selon l’anatomiste Giulio Muratori2929. Muratori Giuli (…) , il s’agit du m. adductor pollicis, caput obliquum. Ce sont en fait deux muscles différents : le premier m. interosseus dorsalis est très bien représenté par Sagemolen : ce muscle a deux têtes et est originaire de la base du premier et du second os du métacarpe, il s’insère sur la phalange proximale de l’index et se distribue dans l’aponévrose dorsale de ce doigt. La description de Canano s’accorde donc parfaitement avec le dessin de Sagemolen et avec la réalité anatomique telle que la comprenaient les anatomistes du xvie siècle qui considéraient le premier os du métacarpe comme le premier os ou phalange proximale du pouce.
Par ailleurs, le m. adductor pollicis, pourvu d’une tête transverse et d’une tête oblique, mentionné par Muratori, est beaucoup plus profond et ses têtes sont plus visibles sur la face palmaire : Canano les a représentées avec une grande précision sur la planche du folio Er°.
Un autre groupe de muscles est intéressant à relever ; il s’agit des quatre fins muscles lombricaux (mm. lumbricales), qui ont leur origine sur le m. fléchisseur profond des doigts (m. flexor digitorum profundus) et s’insèrent sur le côté radial de l’aponeurose dorsale des doigts. Vésale les a décrits chez l’homme dans sa révision des Institutiones anatomicae de Guinter d’Andernach et dans le De humani corporis fabrica, mais le premier à les représenter fut Canano. Le dessin de Sagemolen indexé par la lettre p correspond parfaitement à la description de Canano, à l’item A.
Une comparaison systématique montrerait les changements qui se sont produits dans la connaissance anatomique en un peu plus d’un siècle. Ainsi Canano décrit le muscle long extenseur du pouce (m. extensor pollicis longus), le court extenseur du pouce (m. extensor pollicis brevis) et le long abducteur du pouce (m. abductor pollicis longus), dont Sagemolen donne un très beau dessin d’après une dissection cadavérique. Mais pour Canano comme pour Vésale, les muscles extensor pollicis brevis et abductor pollicis longus sont encore considérés comme les deux tendons d’un seul muscle, alors qu’en fait le muscle extensor pollicis longus est déjà illustré séparément.
Toutefois, c’est la découverte du muscle court palmaire (m. palmaris brevis) qui valut à Canano sa réputation de grand anatomiste. Parmi ses contemporains et successeurs, Fallope fut le premier en 1562 à attribuer cette découverte à Canano :
Cette découverte ne m’appartient pas, mais elle est due à Giovanni Baptista Canano, médecin de Ferrare… Cet illustre anatomiste m’a fait part de sa découverte lorsque j’enseignais à Ferrare (il y a de cela environ treize ans) ; et ensuite, à Pise et ici à Padoue, je l’ai rendue publique de telle sorte que tous pussent rapidement en entendre parler3030. Falloppi, Obse (…) .
Toujours selon Fallope, Valverde a décrit le muscle dans son traité d’anatomie en langue espagnole, mais de manière erronée ; l’anatomiste espagnol le décrit à nouveau en 1572 mais ne mentionne pas le nom de Canano3131. Valverde, Juan (…) , et en 1608 il précisera que Vésale non plus ne l’a pas cité (Vesalio non ha fatto mentione). Il est toutefois possible qu’Eustache3232. Du moins le pa (…) ait vu ce très petit muscle situé sous la peau, dans le tissu adipeux sous-cutané sur le côté ulnaire de la main, face au petit doigt. Montré sur la gauche au cours de la dissection et illustré sur la droite dans le livre, le plus petit muscle du corps humain est ainsi merveilleusement détaillé, et Van Horne le fera dessiner avec le plus grand soin.
De l’anatomie à l’art ou les rapports entre l’anatomiste et le dessinateur↑
Il est cependant des cas où la description et le dessin ne correspondent pas, ce qui nous amène à réfléchir sur les relations qu’entretenaient un anatomiste et un dessinateur. Un exemple banal est celui des insertions musculaires, dont le dessin est souvent inexact par rapport à la description. Ainsi Canano insère le muscle extenseur court du pouce (m. extensor pollicis brevis) à la fin du premier os du métacarpe, alors que le dessin montre une insertion plus distale. L’erreur de l’artiste est corrigée par une annotation sur l’illustration sur les quatorze copies, de la même main, mais anonyme. La dissection de l’insertion du muscle montre bien que cette insertion se fait au début de la phalange proximale du pouce, comme le dessine parfaitement Sagemolen.
Le dessinateur recevait probablement ses instructions au cours de la dissection et l’anatomiste, ensuite, rédigeait la description d’après le dessin et y apportait des corrections éventuelles : cette méthode de travail était également utilisée par Vésale, comme nous pouvons le déduire de certaines observations dans la Fabrique du corps humain qui laissent supposer que des séances de dessin étaient séparées de la dissection proprement dite, comme pour donner l’illusion d’un seul cadavre examiné et mis en scène, au prix de manipulations à des fins esthétiques autant qu’anatomiques :
Sur la septième planche, on a relâché la corde par laquelle [le cadavre] était suspendu pendant qu'on le dessinait ; il est penché suffisamment en arrière pour qu'on voie le septum transverse [diaphragme], que vous pouvez également voir dans la forme où il nous est apparu lorsqu'il fut ôté, représenté ici à gauche sur cette planche, et fixé au mur par sa propre viscosité. Pour empêcher la scapula droite de tomber à la manière d'une aile, nous l'avons tenue suspendue par une petite corde, de sorte que sa cavité soit visible3333. Fab. II, p. 19 (…) .
De même, dans les légendes des planches, Vésale corrige fréquemment des erreurs de dessin, selon un point de vue esthétique : « Bien que ce muscle [m. brachial] ne commence pas beaucoup plus bas, il faut avertir les peintres qu'il est [dessiné ici] peut-être un peu plus haut qu'il ne conviendrait3434. Fab. II, p. 17 (…) . »
Le souci de devoir représenter en deux dimensions ce qui en a trois dans la réalité conduit à des considérations sur l’emploi de la perspective dans le dessin. C’est ainsi que l’item K sur la neuvième planche identifie le périmètre du muscle trapèze et justifie les illusions d’optique dues à la perspective :
Les lignes ou les bords délimitant ce muscle sont désignés comme suit : le premier bord va de E à F, transversalement vers l'occiput. Le fait que la distance entre l'extrémité F et la base de l'oreille paraisse plus petite que celle entre F et E, s'explique parce que le dessin est en perspective, comme le montre clairement aussi le bras gauche porté en avant qui paraîtra plus court qu'il n’est en réalité, si on ignore l'optique3535. Fab. II, p. 19 (…) .
Des remarques de ce genre, nombreuses, confirment l’orientation donnée dans le long texte que nous avons déjà rencontré et que nous considérons comme une introduction spécifique au deuxième livre du De humani corporis fabrica, dans lequel Vésale s’adresse à un public plus large que les seuls médecins. Écrite dans un latin d’apparat, cette introduction concerne aussi un public d’artistes, peintres et sculpteurs, intéressés par la forme que doit avoir le muscle lorsqu’il s’agit de représenter un corps humain en mouvement ou au repos3636. Voir Vons Jacq (…) : le livre doit enseigner comment représenter un muscle contracté, plus saillant vers son ventre, ou laxe et étiré vers les tendons, pour apprendre à représenter le mouvement sans se limiter à l’étude des muscles superficiels. Il apparaît clairement que l’intérêt de Vésale pour les volumes et les masses musculaires rejoint celui des peintres et des sculpteurs, de Dürer à Michel-Ange ; Vésale précise que les deux premières planches qui sont peu annotées servent ce dessein et que la première planche destinée à l’étude de l’anatomie en médecine est la troisième seulement dans l’ordre des planches3737. Fab. II, p. 16 (…) .
Ainsi se justifie le choix de représenter le muscle dans le corps entier. Au siècle suivant, l’utilisation de volets repliables et superposables (Ms 28, fo 27) permettra à Van Horne de résoudre cette contradiction : le muscle montré seul, en extension ou en flexion, pourra également être examiné dans son contexte anatomique, dans le dessin d’un corps entier, ou tout au moins situé virtuellement à l’intérieur d’une silhouette fictive tracée au crayon noir (Ms 27, fo 24v).
Si le procédé de dépouillement progressif des muscles superficiels aux muscles profonds dans le corps complet (Ms 30) relève aussi bien d’une méthode de dissection que d’un choix artistique, certaines postures privilégiées dans les dessins de Sagemolen ne sont pas exemptes de références aux planches de Vésale.
Comme en miroir de la cinquième planche vésalienne, Sagemolen a fait le portrait intégral d’un homme nu, la face placée de trois-quarts, la tête partiellement couverte d’un linge, mais rejetée en arrière et les yeux supposés levés vers le ciel, les deux bras écartés du corps, le gauche tendu vers le bas, le droit replié. L’image n’a pas besoin d’accessoires extérieurs au corps, ce sont les muscles eux-mêmes qui au fur et à mesure qu’ils sont détachés de leur insertion, semblent prendre leur envol, flotter et se déposer autour du corps. Des muscles ont la couleur livide mentionnée par Vésale sur des corps morts, d’autres sont colorés de manière artificielle, le squelette gris-blanc apparaît progressivement et s’étale au fur et à mesure que les chairs s’estompent. C’est peut-être ce qui fait l’ambiguïté et donne à ces dessins, destinés à l’enseignement, sans doute, et contribuant à la connaissance de l’anatomie, une densité particulière.
Mais alors que l’écorché de Vésale garde figure humaine jusqu’à la fin, réduit à une carcasse sans bras, mais en posture toujours verticale, même si l’appui d’un mur lui est nécessaire, ou qu’un socle brut doive lui permettre de s’agenouiller, constituant ainsi un ultime memento mori, la figure dessinée par Sagemolen se fragmente progressivement sous nos yeux jusqu’à la dernière image, où un des bras détaché du squelette, comme aspiré par le vide, se perd dans l’espace de la page, où l’humain n’a plus de place…
Nous remercions chaleureusement Maurits Biesbrouck et Stéphane Velut pour leurs suggestions et la relecture attentive de cet article.
Vincent, Jean-François et Chloé Perrot, « La myologie de Johannes Van Horne et Marten Sagemolen : quatre volumes de dessins d’anatomie du Siècle d’or retrouvés à la Bibliothèque interuniversitaire de santé (Paris) », Paris : Bibliothèque interuniversitaire de santé, 2016, p. 4. https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-03768364
Ce livre se caractérise par de multiples erreurs de pagination (la plus importante commençant à partir de la page 312 numérotée 212, erreur qui se poursuivra jusqu’à la page 492 du cinquième livre), de très nombreuses coquilles typographiques et plusieurs erreurs d’indexation.
Vesalivs, De humani corporis fabrica libri septem, Basileæ, [ex Oporini officina], 1543 (désormais abrégé en Fab.), p. 169 : Primæ enim quatuordecim, integros exprimunt homines, ac harum ordine prima, anteriorem uiri faciem delineatam continet, secunda latus ostendit, tertia, quarta, quinta, sexta, septima, octaua, anteriorem faciem quoque proponunt, in hoc illud'ue latus, pro musculorum, qui indicantur, natura et situ magis repositam. Sex uero octauam consequentes, posteriorem corporis faciem referunt, omnes propemodum ita effigiatæ, ut quod in priori conspicuum est, in subsequenti resectum, ab insertione pendeat. Deinde omnes tabulæ ita inuicem congruunt, ut uni quæ anteriorem faciem exprimit, alia succedere possit, posteriorem exhibens.
Fab. : Lettre à Oporinus, Textes liminaires.
www.biusante.parisdescartes.fr/vesale/?e=1&p1=00009&a1=f&v1=00302_1543x00&c1=4
Fab. II, p. 201 : Hic musculus brachium mouentium secundus, ab exortu liberatus, antrorsum tota parte reflectitur, quam proxime præcedens tabula, O, N et P circunscribebant.
Vesalivs, Andreæ Vesalij Bruxellensis, scholæ medicorum Patavinæ professoris, suorum de Humani corporis fabrica librorum epitome. Basileæ, ex officina Ioannis Oporini, 1543.
Fab. II, p. 462 [262] : Vicinitatis quidem ordo, ante musculos brachium mouentes, capitis et dorsi, et scapulæ motuum duces oportuisse describi indicabit, si demum partes iam dissectis uiciniores prosequi institutum esset. Verum quum integris adhuc brachium mouentibus musculis, scapulam mouentes administrari nequeant, multoque minus illis nondum ablatis, aut capitis aut dorsi administrare datum est, operæ pretium me facturum duxi, si brachij et dein scapulæ motores, ante caput mouentes musculos, sectionis nomine aggrediar.
Fab. II, p. 169 : Quod uero in integras tabulas musculorum effigies ita digesserim, neque singulis Capitibus singuli articuli cum suis musculis appicti sint, ea potissimum occasione factum puta, quod illi si priuatim articuli pingerentur, a nemine nisi Anatomes peritissimo possent distingui. Nunc autem quum omnia cohærent, cuiuis obuium est, qua sede quisque musculus reperiatur, adeo sane, ut prorsus operæ precium fuisset integras ad hunc modum tabulas delineari, quantumuis etiam seorsim articuli fuissent expressi.
Vons Jacqueline et Velut Stéphane (éd.), L’épitome d’André Vésale. Texte, traduction et commentaires. Paris : Les Belles Lettres, 2008, p. 26-27 et p. 120-121 (notes 35-38).
Carlino Andrea, Paper bodies : A catalogue of Anatomical Fugitive Sheets in the Age of printing and Dissecting, Wellcome Trust Centre for the History of Medicine, 1999.
Bartisch Georg, Ophthalmodouleia. Das ist Augendienst […]. Dresde : Mattheus Stöckel, 1585.
Fab. II, p. 219.
Fab. II, p. 220. Il s’agit ici de nerf au sens propre, appartenant au système nerveux périphérique, et non pas de tendon ou énervation (« ce qui sort du nerf », traduisant littéralement le terme grec aponoreusis, obsolète en ce sens aujourd’hui).
Fab. II, p. 222 : Deinde spiritus animalis ui, et debitæ peculiarisque musculi constructionis gratia, musculum contrahi laxarique sentio.
L’hypospadie (hypospadias) est une malformation du fœtus masculin qui se caractérise par l’ouverture de l’urètre dans la face inférieure du pénis au lieu de son extrémité.
Andreæ Vesalii Anatomicarum Gabrielis Falloppi observationum examen. Venetiis: apud Franciscum de Franciscis, Senensem, 1564, p. 83.
Fabrizi d’Acquapendente. De venarum ostiolis. Patavii : ex typographia Laurenti Pasquati, 1603.
Pour des raisons encore indéterminées, Canano aurait arrêté l’impression et l’édition de l’ouvrage. Voir Biesbrouck Maurits et Van Glabbeek Francis, ‘Giovanni Battista Canano (1515-1579n.s.) and Andreas Vesalius (1514-1564)’, in Van Hee Robert (éd.), In the shadow of Vesalius. Anvers-Apeldoorn : Garant Publishers, 2020. Les auteurs ont retrouvé quatre copies de l’original et établissent la liste des manuscrits et éditions connues à ce jour, hébergées dans les plus grandes bibliothèques du monde. Ils préparent en ce moment l’édition critique et commentée de cet ouvrage, avec la traduction en français (par J. Vons) des planches.
Canano Giovanni Battista. Musculorum humani corporis picturata dissectio per Ioannem Baptistam Cananum Ferrariensem medicum nunc primum in lucem edita (Candido lectori epistula, p. 4 : stultumque videtur, quale quidque viuo homini est, tale morienti, imo iam mortuo, esse). Exemplaire consulté : Padoue : https://phaidra.cab.unipd.it/o:56633
Dissectio picturata (Bartholomeo Nigrisolo epistula, Aii) : pictorem nostro æuo non minus diligentem quam insignem.
Le titre de l’ouvrage retenu par Canano, De anatomicis aggressionibus, se réfère à la traduction latine déjà ancienne de Galien par Démétrius Chalcondylas (1423-1511), publiée en 1529 à Bologne, chez Giovanni Battista di Phaelli, dans un recueil édité par Jacobus Carpus sous le titre In libris anatomicis. Le sommaire de cet ouvrage au fo 1v mentionne successivement : Galeni de motibus musculorum (trad. : Nicolaus Leoniceno) ; Anatomicarum aggressionum (trad. : Demetrius Chalcondylas) ; De arteriarum et venarum dissectione et De nervorum dissectione (trad. : Andreas Fortolus) ; De hirudinibus (trad. : Ferdinandus Balamius). Voir DURLING Richard J. ‘A chronological census of Renaissance Editions and Translations of Galen.’ Journal of the Warburg and Courtauld Institutes, vol. 24, no 3/4 (Jul.-Dec. 1961), 230-305 [en particulier p. 256]. Canano reprend textuellement le début de la préface écrite par Galien pour ses Anatomicas encheireseis ; voir RENANDER A. [Galenus’ Anatomic dissections (anatomikai encheireseis); translation from the Greek] Svenska Lakartidningen, 1958 Apr. 55(17) :1237-1247. Guinter d’Andernach traduit également le texte de Galien, sous le titre De anatomicis administrationibus, titre repris par Vésale. L’ouvrage de Guinter connaît deux éditions la même année 1531, à Bâle chez Cratander, et à Paris chez Simon de Colines, sous le titre De anatomicis administrationibus libri novem. De constitutione artis medicae liber. De theriaca, ad Pisonem commentariolus. De pulsibus, ad medicinae candidatos liber. Per Joan. Guinterium Andernacum Latinitate jam recens donata.
Soit l’avant-bras, cf. Fab. I, p. 110 dans La Fabrique de Vésale et autres textes, BIU Santé médecine : https://www.biusante.parisdescartes.fr/vesale
Soit l’humérus, cf. Fab. I, p. 105 dans La Fabrique de Vésale et autres textes, BIU Santé médecine.
Soit le métacarpe, cf. Fab. I, p. 120 dans La Fabrique de Vésale et autres textes, BIU Santé médecine.
Vésale utilise systématiquement les termes de radius et d’ulna.
Dissectio picturata, B et Bv : In hoc primo libro Galenum sequentes Manus musculos ponemus, nomine autem manus (Hippocratis et Galeni more) vulgo dictum brachium intelligimus, quod in tres primarias partes diuiditur, extremam scilicet manum (quæ absoluto nomine, manus dici solet) cubitum, et βραχιόνα a Græcis appellatum, extrema manus tres habet partes, digitos videlicet, brachiale quod Græce καρπός nominatur, et inter hec [sic] medium, Græci μετακὰρπιον nuncupant, nos postbrachiale dicimus. Brachium siue malis Græce dicere βραχίων unico osse constat, quod Celsus humerum apellauit, Cubitus vero (quem brachium nominat) duobus, quorum unus Græce κερκίς latine radius dicitur, alter autem a Græcis quidem πὴκυς a Celso vero cubitus nominatur. At in extrema manu septem et viginti ossa existunt, octo scilicet brachialis, quatuor postbrachialis, et quindecim digitorum, quæ omnia nouisse oportet ad exactam musculorum in hoc primo libro depictorum cognitionem.
Fab. Præfatio ad Carolum Quintum *3 dans La Fabrique de Vésale et autres textes, BIU Santé médecine.
Muratori Giulio et Bighi Delfino, Andrea Vesalio, G.B. Canani e la Scuola Medica Revisionistico-Sperimentale Ferrarese del Rinascimento. Ferrare : Accademia delle scienze di Ferrara, 1964.
Falloppi, Observationes anatomicæ ad Petrum Mannam. Parisiis : apud Bernardum Turrisanum, 1562, p. 65 : Hoc equidem meum inuentum non est sed Iohannis Baptistæ Cannani Ferrariensis medici viri … Hic celeberrimus anatomicus, cum ego Ferrariæ profiterer (agitur ferme decimus et tertius annus) suum illus inuentum mihi communicauit, egoque, postea Pisi, atque hic Patauij, ita publice propalaui ut ad omnium aures facilime peruenire potuerit.
Valverde, Juan (1525 ?-1588 ?), Imagines partium corporis humani, aeris formis expressæ. Anvers : ex Plantini officina, 1572.
Du moins le palmaris brevis est-il mentionné dans l’édition de 1761 de l’Explicatio tabularum anatomicarum d’Eustache donnée par Albinus à Leiden, chez Johan & Hermann Verbeek (planche XXXV item Z). Duverney en donnera une très belle description en 1749 dans l’Art de disséquer méthodiquement les muscles du corps humain. Paris : Delaguette, et traduira son nom en français par « petit palmaire ».
Fab. II, p. 191 (Introduction à l’index de la 7e planche) : SEPTIMA musculorum tabula laxato fune, a quo inter pingendum pendebat, in posteriora tantum procidit, quantum uidendo septo transuerso sufficit : quod etiam in præsenti tabula ad sinistram ea forma appictum cernis, qua exectum, parietique suo lentore hærens nobis apparuit. Quo minus autem dextra scapula effractæ alæ ritu in deorsum decumberet, illam funiculo ita suspendimus, ut ipsius cauum in conspectu sit.
Fab. II, p. 175 (item N) : licet hic non nimis inferius incipiat, sed quod pictoribus animaduertendum est, fortassis etiam elatius quam deceat.
Fab. II, p. 195 (item K) : Lineæ autem latera'ue musculum circunscribentia in hunc modum colliguntur. Ab E ad F prima protenditur, ad occiput transuersim ducta. Quod autem huius extremum F notatum, non tantum ab auris radice distare hic uideatur, quantum F remouetur ab E pictura, in causa est oculum fugiens, quod et sinistrum brachium in anteriora porrectum liquido commonstrat, quod forte ὀπτικῆς ignarus, plus æquo breuius esse arbitrabitur.
Voir Vons Jacqueline « L’impossible transparence. Comment dire et représenter le mouvement articulaire ? De Vésale à Abraham Bosse », in Stoïchita Victor (dir.). Le corps transparent / Il corpo trasparente. Rome : L’Erma di Bretschneider, 2013, p. 71-82.
Fab. II, p. 169. Cette explication disparaît dans la seconde édition de 1555, et la préface s’en trouve considérablement raccourcie.