Sur la base d’une étude de cas, nous avons pour objectif de proposer des éléments
généraux nécessaires à la certification d’un flux numérique en chirurgie
orthognathique. Nous avons choisi l’exemple de la procédure en cours, à la date de
la réalisation de ce travail (2023–2024), dans le service de chirurgie maxillo-faciale
du CHU de Nantes. Plus précisément, ce cas d’usage porte sur la CAO de la
planification en chirurgie orthognathique et sur la production de gouttières
occlusales CAD/CAM.
Dans ce service, les chirurgies ne concernant qu’une seule arcade dentaire sont
guidées par une gouttière conventionnelle produite par le prothésiste du service
selon l’occlusion finale déterminée par le chirurgien et présentée sur un
articulateur de type Galetti. La réalisation des ostéotomies maxillo-mandibulaires
posait en revanche le problème de la difficulté de production d’une gouttière
intermédiaire fiable. Avant ce projet de CAD/CAM, la fabrication des
gouttières intermédiaires passait par la réalisation d’un arc facial puis
par un montage sur articulateur semi-adaptable. Dans le but d’opérer une
transition vers une technologie 3D, la mise en place d’un flux numérique a
été entreprise en vue d’obtenir une certification pour une production
interne.
Toute démarche orthodontico-chirurgicale part d’une demande. Celle-ci peut
émaner directement du patient formulant une plainte esthétique, occlusale ou
fonctionnelle, ou être mise en lumière par le dentiste ou orthodontiste traitant,
dans le cas où celui-ci décèle une dysmorphose maxillo-mandibulaire ne pouvant
pas être prise en charge exclusivement par un traitement orthodontique.
La première consultation chirurgicale a comme objectif l’examen
clinico-radiologique et des modèles dentaires du patient afin d’aboutir à
un diagnostic. Après explications sur le plan de traitement, un projet
orthodontico-chirurgical peut être décidé. On profite de cette consultation pour
réaliser des photographies standardisées du patient. Un traitement étiologique
spécifique peut être initié de manière pluridisciplinaire. Dans le cas le plus
commun, le traitement orthodontique va anticiper la chirurgie afin de corriger les
compensations alvéolo-dentaires et de potentialiser l’amplitude du geste
chirurgical. Un nouveau contact avec le chirurgien sera programmé quand le
patient aura obtenu un articulé dentaire favorable à la chirurgie. Cette
nouvelle consultation aura lieu en ambulatoire ou en hôpital de jour selon les
usages du service. Elle sera riche en examens afin de compléter le dossier
du patient et d’acquérir les éléments nécessaires à la planification
pré-chirurgicale. Un nouvel examen standardisé s’attachera à recueillir les
données cliniques du patient : validation de la fin de la première étape
orthodontique, prise de différentes mesures occluso-faciales, dépistage des
comorbidités.
L’occlusion dentaire sera recueillie par la prise d’empreintes dentaires pour la
réalisation de modèles en alginate numérisés dans un second temps – ou
directement par une prise d’empreintes optiques à l’aide d’une caméra. À noter
que la manipulation des modèles dentaires reste une habitude importante pour de
nombreux centres. L’examen de modèles numériques seuls ne permettant pas de
sentir les contacts occlusaux, la possibilité d’imprimer les empreintes optiques doit
être maintenue.
Une imagerie tridimensionnelle du patient sera enregistrée du vertex à la
mandibule avec les condyles en relation centrée. Un scanner low dose sera
préféré à un Cone Beam Computed Tomography (CBCT) pour plus de
précision notamment sur les tissus mous. Le choix de la modalité d’imagerie
dépend surtout des habitudes du service et de l’accessibilité de ces examens : au
CHU de Nantes, le CBCT est privilégié car disponible dans le service. Des
téléradiographies de profil et de face seront réalisées pour servir de
référence au suivi radiologique post-opératoire. Un orthopantomogramme fera
systématiquement partie du bilan. Des photographies standardisées compléteront
l’examen.
Finalement, cette exploration pré-chirurgicale permettra d’établir un plan de
traitement définitif avec quantification des déplacements osseux et choix des
ostéotomies. Certaines équipes proposent un formulaire standardisé afin de
déterminer le plan de traitement pour l’étape de planification.
À l’issue de cette consultation, le chirurgien sera en mesure de réaliser la
planification virtuelle, qui va débuter par le traitement numérique des empreintes
dentaires afin de les intégrer au logiciel de planification et de les combiner aux
fichiers DICOM de l’imagerie 3D du patient. Certaines équipes y intègrent
également des photographies 3D afin d’avoir une analyse précise des parties
molles. La planification consiste à réaliser virtuellement la chirurgie afin de
positionner les bases osseuses selon l’occlusion dentaire finale souhaitée et l’analyse
céphalométrique. Le logiciel va produire le fichier Standard Tessellation
Language (STL) de la gouttière intermédiaire et de la gouttière finale. La
personne chargée de la production 3D, qu’il s’agisse d’un médecin, d’un
prothésiste ou d’un ingénieur, importera ce fichier STL dans le logiciel de
l’imprimante.
Dans ce cas d’usage, la planification est réalisée par un chirurgien, interne ou
sénior, puis le prothésiste du service se charge de l’impression. Le fichier
STL de la gouttière est importé sur le logiciel d’impression, puis envoyé
à l’imprimante. Selon la technologie utilisée, un post-traitement du DM
permettra de lui conférer ses propriétés finales. Une fois imprimées, le
chirurgien vérifiera la bonne congruence des gouttières aux modèles
dentaires.
Afin d’être prêt à l’usage chirurgical, le DM devra être stérilisé selon les
recommandations nationales (cf. section 6 ). Une attention particulière sera portée
au stockage jusqu’au temps chirurgical.
Une fois certifiées, les gouttières sont déposées sur le champ opératoire par
l’infirmière opératoire, après vérification de l’intégrité des sachets conteneurs.
Elles n’apportent pas de germes extérieurs tout du long de l’intervention. Avant
incision des voies d’abord, elles sont essayées sur chaque arcade dentaire afin de
confirmer leur congruence. Si elles sont jugées fiables par l’opérateur, la
gouttière intermédiaire sert alors au positionnement final du maxillaire selon la
position initiale de la mandibule, tandis que la gouttière finale guide le
positionnement final de la mandibule selon la position finale du maxillaire. En fin
d’intervention les gouttières sont récupérées par l’infirmière, nettoyées et
mises dans un emballage dédié pour leur conservation dans le dossier
médical.
Le temps post-chirurgical inclura une reprise du traitement orthodontique afin
d’optimiser l’occlusion dentaire en réalisant des retouches. Pendant ce temps,
différentes consultations post-opératoires seront réalisées avec le chirurgien.
Elles permettront notamment de déceler une complication en lien ou non avec
l’usage du DM, et de réaliser un suivi clinique du DM.
Ce DM a pour fonction de guider la mise en occlusion dentaire afin d’amener les
bases osseuses en position planifiée le temps de procéder aux ostéosynthèses.
Un dispositif adapté au patient est défini par le GCDM comme un dispositif
médical adapté à l’anatomie d’un patient à l’intérieur d’un design
spécifique (142 ) . Le GCDM insiste sur le fait qu’un DM produit par impression 3D
ne le classe pas automatiquement en sur mesure. D’autant plus que dans notre
cas, aucune prescription détaillant des caractéristiques de production
spécifiques au patient n’est nécessaire comme c’est le cas du sur mesure. Nous
verrons au paragraphe 12 de cette partie que la conception passe par un design
précis standard où seul le mordu des dents du patient vient en modifier les
reliefs.
Une fois cette notion intégrée, les autres règles de classification sont
présentées dans l’annexe VIII du règlement européen. Le DM est dit à usage
temporaire pour la gouttière intermédiaire qui est utilisée pendant une durée de
moins de soixante minutes, et de courte durée pour la gouttière finale qui peut
être laissée en bouche pour une durée pouvant s’étendre jusqu’à trente
jours.
Cependant, l’article 5.5 du règlement européen impose que l’usage d’un DM
produit dans un établissement de santé se fasse exclusivement au sein de cet
établissement. La gouttière finale telle qu’actuellement utilisée dans le service ne
peut donc pas être remise au patient durant sa période de convalescence à
domicile. Hormis dans le cadre d’une exception faite sur le plan réglementaire,
l’usage de la gouttière finale ne se fera qu’en per-opératoire et en post-opératoire
immédiat, mais devra être remise au sein du dossier médical du patient au
moment de sa sortie.
Dans le cas d’un port hors de l’hôpital, il faudra se limiter à une gouttière
conventionnelle produite par méthode traditionnelle (notamment par le prothésiste
du service).
Il faut ensuite définir le caractère invasif du DM. Le DM est mis en place par
un orifice naturel, la bouche, et non à travers la surface du corps, ce qui l’exclut de
la définition de « dispositif invasif chirurgical » et limite son appellation à
« invasif » .
L’annexe VIII présente dans son chapitre III, alinéa 5, les règles de
classification des DM invasifs. Ainsi, des DM invasifs par un orifice du corps relèvent
« de la classe I s’ils sont destinés à un usage temporaire, et relèvent de la
classe IIa s’ils sont destinés à un usage à court terme, sauf s’ils sont utilisés
dans la cavité buccale jusqu’au pharynx, dans le conduit auditif externe
jusqu’au tympan ou dans la cavité nasale, auxquels cas ils relèvent de la
classe I » .
Notre gouttière intermédiaire comme notre gouttière finale se classent donc
dans les DM de classe I.
Plusieurs éléments doivent être assemblés afin de constituer le dossier de
demande de certification d’un flux numérique. Ces éléments doivent
être en conformité avec l’article 5.5 du règlement UE 2017/745 et son
annexe 1, relatives aux exigences générales en termes de sécurité et de
performance.
La production se fait au sein d’un établissement de santé : le CHU de Nantes
étant « une entité ayant pour mission première de prendre en charge ou soigner
des patients ou d’œuvrer en faveur de la santé publique » comme défini à
l’article 2 du règlement européen (125 ) .
Ainsi, le CHU de Nantes a la possibilité de fabriquer, de modifier et d’utiliser
des dispositifs en interne et de répondre ainsi, à une échelle non industrielle, aux
besoins spécifiques des groupes cibles de patients qui ne peuvent pas être satisfaits
en termes de performances appropriées par un dispositif équivalent disponible sur
le marché et marqué CE.
Comme nous l’avons vu en première partie, la totalité du règlement ne
s’applique pas à ce cas et nous pouvons nous limiter aux exigences de l’alinéa 5 de
l’article 5 du règlement UE 2017/745 (125 ) .
La procédure de certification d’un DM sur mesure est présentée à
l’annexe XIII du règlement européen. Dans le cadre d’un DM de classe I, après
auto-déclaration et évaluation par l’ANSM, un certificat de conformité UE est
remis au fabricant. Ce document, rédigé sous la responsabilité du fabricant,
atteste que le produit répond aux exigences du règlement UE 2017/745. Cette
procédure ne nécessite donc pas de passer par l’évaluation par un organisme
notifié. Ce certificat dispose d’une durée de validité ne pouvant excéder cinq
ans. Le contenu minimal d’un certificat de conformité UE est défini à
l’annexe XII du règlement UE 2017/745.
D’après le règlement UE 2017/745, il ne doit pas exister de DM équivalent
disponible sur le marché. Plusieurs arguments non retrouvés dans l’offre
industrielle, peuvent justifier l’originalité d’un DM in house . Le DM en
question ne doit pas être transférable vers une autre entité juridique, et son
utilisation est donc limitée au service de chirurgie maxillo-faciale du CHU de
Nantes.
Plusieurs pièces justificatives doivent intégrer le dossier d’auto-certification.
Le fabricant doit rédiger une déclaration publique qui sera accessible à tous. Elle
doit contenir les éléments suivants.
Cette déclaration est l’équivalent de l’évaluation de conformité définie à
l’article 52 du règlement européen, mais adaptée aux DM sur mesure. Elle est
conservée pendant une durée de dix ans.
L’établissement de santé doit consulter la législation nationale éventuelle
concernant le format, les exigences linguistiques et les conditions de publication. Par
exemple, certains pays demandent que la déclaration soit publiée sur le site
Internet de l’établissement de santé. D’autres à l’inverse demandent
qu’elle soit disponible sur une page Internet de l’autorité compétente.
L’établissement de santé devra assurer la mise à jour régulière de cette
déclaration.
L’annexe XIV du règlement, alinéa 3, décrit les caractéristiques du DM devant
être prises en considération pour la démonstration de la non équivalence. Ces
caractéristiques se divisent en différents aspects.
La justification de la non équivalence doit suivre ce plan. Le MDCG a publié
en mai 2020 un guide sur le sujet : « MDCG 2020-5 guidance on Clinical
Evaluation – Equivalence » (387 ) .
La première étape consiste à rechercher un DM équivalent marqué CE sur
le marché. Le protocole suivi doit être intégré dans le système de management
de la qualité (décrit plus en détails au paragraphe 10 ). Cette recherche doit
s’appuyer sur la base de données European Database on Medical Devices
(EUDAMED), en y associant les informations provenant de sources diverses (entre
autres fabricants, distributeurs, scientifiques).
Sur ces bases, il est demandé de justifier en quoi le besoin spécifique du groupe
de patients cible ne peut être satisfait à niveau approprié par un DM équivalent
présent sur le marché.
Après la certification du DM, l’établissement de santé doit continuer
à recueillir les informations sur la disponibilité sur le marché de DM
potentiellement équivalents marqués CE. Si un nouveau DM équivalent est mis
sur le marché, la justification initiale n’est pas invalidée. L’établissement
de santé devra cependant revoir et mettre à jour sa justification. Si ce
nouveau DM marqué CE s’avère équivalent au DM in house et répond
aux besoins spécifiques du groupe de patients à niveau de performances
approprié, alors une transition vers l’utilisation du DM marqué CE doit se
faire.
La justification est un processus dynamique et continu tout au long de la
production du DM. Le marché exploré se limite au marché des DM
marqués CE dans l’état membre concerné. La base de données EUDAMED
est l’une des principales sources sur la disponibilité des DM marqués
CE.
L’usage de gouttières occlusales est la référence en chirurgie orthognathique,
bien que les nouvelles méthodes de transfert présentent des avantages
spécifiques. La justification de la démarche de certification du flux numérique
réside non pas dans l’usage d’un nouveau DM, mais dans l’application d’une
nouvelle méthode de fabrication s’appuyant sur de nouvelles technologies, afin
d’améliorer la sécurité et l’efficacité du DM. Ainsi, il est possible de s’appuyer
sur une documentation scientifique pour démontrer les performances du
DM (365 ) . Par exemple, sur la base des données de 78 articles publiés
sur dix ans, il apparaît que l’impression 3D en chirurgie orthognathique
permet d’optimiser les résultats fonctionnels et esthétiques des procédures
avec une bonne satisfaction des patients et un transfert précis du plan
de traitement au bloc opératoire; des données précises sont fournies
par les auteurs sur l’état de l’art de l’utilisation de gouttières occlusales
CAD/CAM, et des pistes sont fournies sur les principes de l’internalisation de la
production.
L’annexe I du règlement UE 2017/745 souligne la nécessité de fournir à
l’autorité référente une justification du choix du matériel d’impression sur la
base d’une étude de marché, c’est-à-dire une justification du choix de
l’imprimante 3D et de la résine utilisée.
La résine est le matériau de prédilection pour la fabrication de gouttières
occlusales. L’imprimante choisie doit ainsi être une imprimante résine. Plusieurs
technologies peuvent être utilisées. La stéréolithographie (SLA) est la plus
répandue sur le marché, avec une bonne qualité et une bonne précision du
rendu, ainsi qu’un coût et une accessibilité raisonnables. L’utilisation des résines
SLA impose cependant une certaine logistique. En effet, la gestion des matériaux
doit être précisément décrite, avec notamment la nécessité d’agiter
les résines avant impression et d’éviter les mélanges dans les cuves. Le
post-traitement de la pièce consiste en un bain d’alcool pour en éliminer les
impuretés, puis une cuisson ultra-violette afin de lui conférer sa solidité
définitive.
La précision est une caractéristique primordiale de l’imprimante. Une
précision allant de 90 à 100 microns est nécessaire au minimum en médecine.
De plus, il faut prendre en compte la précision des axes X et Y et l’épaisseur des
couches de matériaux pour obtenir la meilleure qualité possible. Ainsi, en fonction
de la gamme de l’imprimante, une précision de l’ordre de 50 ou de 20 microns sera
généralement choisie.
La vitesse d’impression s’exprime en millimètres par seconde. Elle a un impact
direct sur la réussite et la qualité de l’impression. Le plus souvent, cette vitesse
d’impression est de l’ordre de 150 à 180 mm/s. Toutefois, pour avoir un
meilleur rendu, il vaut mieux parfois réduire la vitesse d’impression. Seules les
imprimantes résine haut de gamme ont la capacité d’allier grande vitesse et
qualité.
Le volume d’impression est important à apprécier selon les projets d’impression
de l’utilisateur. Un volume plus élevé va permettre d’imprimer des modèles de
taille plus importante. En chirurgie maxillo-faciale, l’échelle 1/1 est importante à
respecter pour les modèles anatomiques et les gouttières, mais facilement obtenue
dans un volume modéré. Un avantage des volumes élevés est l’optimisation
du temps d’impression. En cas de rendement important, les gros volumes
offrent la possibilité d’imprimer un nombre plus élevé de DM en une fois,
et donc de réduire les coûts et le temps global de production de chaque
modèle.
Le calibrage est garant de la fidélité de l’impression conformément au fichier
numérique. Une imprimante mal ajustée peut causer des erreurs de rendu
aboutissant à un modèle inutilisable ou, si non détectées, à des erreurs
chirurgicales. Une imprimante simple à calibrer permet d’en sécuriser
l’usage.
Certaines imprimantes offrent une large panoplie de résines utilisables.
D’autres ont un catalogue plus restreint. L’important n’est pas le nombre
de résines différentes disponibles mais la garantie de trouver celles qui
sont utiles aux différents usages qui s’imposent au fabricant. L’ergonomie
de l’imprimante aura des conséquences sur l’agencement global du local
dédié.
En vue de respecter les différentes normes de sécurité au travail,
l’espace dédié à l’impression 3D doit être réfléchi. La taille et le
poids de l’imprimante sont ainsi des éléments importants à prendre en
compte, bien qu’au second plan comparés aux éléments précédemment
énumérés.
Le caractère ouvert ou fermé de l’imprimante est important. Il détermine des
propriétés de sécurité d’usage. La fabrication additive par SLA est
émettrice de nanoparticules dont la toxicité ne peut être éliminée. Tout
fabricant est soumis au Code du travail pour la protection de son personnel. En
fonction de la quantité de particules émises, l’imprimante devra ou non être
dotée d’un couvercle de protection. De même, l’usage du laser peut exposer
à des dommages en cas de contact avec la rétine. Le couvercle a alors
une double fonction de protection. Les modèles avec caissons offrent des
températures beaucoup plus stables tout au long de l’impression. Les imprimantes
avec caisson sont également moins bruyantes. Un modèle d’imprimante
ouverte est en revanche plus pratique et plus facile à utiliser. En effet, il
est alors possible d’accéder aux différentes pièces du mécanisme à
tout moment. Ainsi, l’imprimante ouverte est plus facile à calibrer et à
entretenir.
Nous avons procédé à une étude de marché des imprimantes 3D permettant
une production en résine, basée sur les modèles disponibles en 2022. Après
élimination des modèles d’entrée de gamme ou de gamme moyenne, ne
permettant pas un usage correspondant au rendement cible, trois modèles se sont
distingués. Nous avons également éliminé les imprimantes ouvertes pour des
questions de sécurité, et avons directement ciblé les imprimantes à usage
professionnel offrant une précision de l’ordre de 50 microns (tableau 4 ).
Tableau 4. Tableau comparatif des imprimantes sélectionnées selon les
critères établis.
Notre choix s’est porté sur l’imprimante Form 3 de chez Formlabs. Premier
fabricant sur le marché de l’impression 3D résine ayant développé une
imprimante accessible tout en offrant des caractéristiques de produits utilisables
pour une production de qualité médicale, Formlabs a su améliorer ce produit et
s’imposer sur le marché.
En effet, cette imprimante est la plus précise, étant la seule descendant sous les
50 microns. Bien que l’épaisseur des couches reste plus élevée, le rendu
final est suffisamment fiable pour permettre une planification chirurgicale
minutieuse.
Son volume d’impression n’est pas le plus important mais est le plus intéressant
géométriquement pour organiser une impression d’un nombre élevé de modèles
simultanés (base presque carrée). Il n’y a pas de risque de perdre de la précision
à cause d’une erreur de calibrage car ce dernier est automatique avant chaque
impression.
Le remplissage de la résine se fait à partir d’une cartouche insérée dans un
compartiment dédié. Cette cartouche doit être compatible avec l’imprimante car
reconnaissable par une puce. Cependant il existe un choix varié de résines
adaptées et aux propriétés suffisantes pour répondre à nos objectifs. Le
remplissage automatique semble apporter une facilité d’usage et limiter les risques
de coulée de résine ou autre erreur de mélange pouvant être à l’origine d’une
défaillance de la machine.
Au niveau de la configuration, ce modèle est le seul doté d’une cuve amovible.
Ce critère est pourtant important car il facilite l’entretien en permettant un
nettoyage plus aisé de cette pièce amovible. En effet, en cas de dépôt dans
la cuve, la résine perd en qualité avec risques de mélanges, de perte
d’homogénéité du matériau, ou de défaut de photopolymérisation. Le risque
de mélange est également diminué par la séparation des matériaux, chacun
étant isolé dans un dépôt spécifique.
En termes de compatibilité informatique, il existe peu de différences entre les
modèles. La programmation de l’impression se fait avec un logiciel dédié fourni
par Formlabs, ce qui garantit une spécificité d’usage et des mises à jour
régulières.
Cette imprimante est la plus imposante et présente le prix le plus élevé,
mais ces deux critères ont été considérés moins importants dans cette
comparaison.
Le post-traitement se compose d’une première étape de lavage alcoolisé puis
d’une étape de chauffage UV. L’imprimante s’accompagne d’une machine de lavage
FormWash, qui nettoie l’excès de résine liquide non polymérisée présente
à la surface des pièces imprimées en 3D. S’y ajoute une chambre de
post-polymérisation FormCure. Elle permet de fournir la lumière et la chaleur
nécessaires pour la post-polymérisation des pièces imprimées afin de leur
conférer leurs propriétés optimales. La durée de post-traitement dépend de la
résine et varie entre 15 et 60 minutes.
À ces deux étapes s’ajoute une étape manuelle de retrait des supports
d’impression.
Il est indispensable que l’entreprise sélectionnée respecte la norme
ISO 13485 : « Dispositifs médicaux – Systèmes de management de la qualité –
Exigences à des fins réglementaires » (388 ) , publiée en 2016 et revue en 2020.
Cette norme énonce les exigences relatives au système de management de
la qualité lorsqu’un organisme doit démontrer son aptitude à fournir
régulièrement des DM et des services associés conformes aux exigences des clients
et aux exigences réglementaires applicables. Il est à noter que cette certification
n’est pas obligatoire pour commercialiser des DM et n’est pas un garante de leur
qualité et de leur sécurité. Cependant elle indique que la société suit une
procédure reconnue par un organisme indépendant qui l’audite régulièrement.
Ainsi, en avril 2022, Formlabs nous a remis un certificat de respect de la norme
ISO 13485 (annexe 1 de la thèse d’origine). L’imprimante, le bain et le four ne sont
pas des dispositifs médicaux (389 , 390 ) . Ils disposent cependant d’un marquage CE
et respectent certaines normes (certificats de conformité : annexe 2 de la thèse
originale (1 ) ).
5.2 Matériau d’impression
La résine est le matériau classiquement utilisé par les prothésistes pour
la réalisation des gouttières. Elle combine facilité d’accès et d’usage,
offre d’excellentes finitions ainsi qu’une précision adaptée. Par ailleurs, la
résine offre une bonne résistance et une solidité minimisant le risque de
dégradation lors des processus de stérilisation. Différentes catégories de
résines sont disponibles, comme des résines standard, utilisables pour des
modèles anatomiques ou des produits n’entrant pas en contact avec le patient.
D’autres résines sont biocompatibles classe I et donc utilisables au contact des
cavités naturelles (gouttière, conformateur nasal). Enfin, des résines
biocompatibles classe II sont disponibles, utilisables pour produire des guides
de coupe ou des guides de positionnement. Le statut biocompatible et de
toxicité est attesté par le respect de diverses normes que la résine doit
valider.
Choix de la résine
De nombreuses résines sont proposées par Formlabs, mais dans le domaine
médical, l’entreprise propose une résine dont l’indication principale est la
production de gouttières dentaires : la résine BioMed Clear. C’est un matériau
rigide et transparent destiné aux applications biocompatibles nécessitant un
contact prolongé avec la peau ou les muqueuses (fiche technique : annexe 3 et 4 de
la thèse originale (1 ) ).
Étude de déformabilité
BioMed Clear est dite compatible avec différentes méthodes de stérilisation. La
stérilisation consiste en l’application simultanée ou progressive de différentes
contraintes thermiques et de pression, ainsi qu’en l’exposition à différents agents
physiques et chimiques, constituant un ensemble d’évènements auxquels les
propriétés physiques du DM vont être soumises. Ainsi, afin de tester la
préservation de son intégrité, et de valider la non-altération de ses composants,
une étude de déformabilité d’une sélection de gouttières imprimées avec la
résine BioMed Clear est envisagée si les données ne sont pas publiées par le
fabricant.
Comme nous l’avons vu dans la deuxième partie de cet ouvrage, la littérature
corrobore une précision des gouttières occlusales de l’ordre du millimètre. Nous
avons retenu ce seuil comme critère de non-déformabilité de la gouttière : nous
allons procéder à une analyse morphométrique de ces gouttières avant et après
stérilisation.
Biocompatibilité
Plusieurs critères de biocompatibilité se doivent d’être validés afin de
déterminer le risque d’usage et la sécurité d’emploi de la résine. À chaque
risque s’accompagne une norme.
Non cytotoxique : ISO 10993-5
Non irritant : ISO 10993-10
Non sensibilisant : ISO 10993-10
Non mutagène : ISO 10993-3
Non toxique (subaiguë) : ISO 10993-17
Non toxique (subchronique) : ISO 10993-18
N’émet pas de matières particulaires : ISO 18562-2
N’émet pas de COV : ISO 18562-3
N’émet pas de substances dangereuses hydrosolubles : ISO 18562-4
À cela s’ajoute la classification United States Pharmacopoeia (USP) intervenant
pour déterminer la biocompatibilité d’un matériau. Six classes sont définies, la
sixième étant la plus exigeante. Les tests de classe VI visent à certifier qu’il n’y a
pas de réactions nocives ou d’effets physiologiques à long terme causés par des
produits chimiques qui s’échappent des matières plastiques. Ces tests sont
effectués en produisant un extrait du produit avec différents fluides d’extraction
et en l’injectant dans des échantillons in vivo . Trois types de tests sont
décrits (391 ) :
injection systémique : exploration d’une toxicité systémique aiguë
(dans les 72 heures) ;
injection intracutanée : exploration d’une réactivité cutanée locale
(dans les 72 heures) ;
implantation : exploration d’une toxicité systémique chronique
(supérieure à cinq jours).
Ainsi, après étude des différentes résines présentées par Formlabs, la
résine BioMed Clear apparaît comme la plus sûre dans cette gamme.
Cependant, la biocompatibilité de la résine n’est pas synonyme de
biocompatibilité du DM. Ainsi, une étude de biocompatibilité du DM dans son
ensemble est en cours de réalisation en partenariat avec le laboratoire RMeS (392 ) .
L’objectif étant de se rapprocher des normes sus-citées.
5.3 Prise d’empreinte optique et scanner intra-oral
En attendant la certification de son flux numérique, l’équipe de chirurgie
maxillo-faciale du CHU de Nantes continue de produire des modèles dentaires en
plâtre et de les utiliser afin de respecter les demandes réglementaires en l’absence
de certification du flux numérique. Afin de les intégrer dans la planification, ces
modèles doivent être numérisés, en les scannant avec une caméra optique. Une
autre possibilité consiste à réaliser une acquisition virtuelle des arcades
dentaires directement à l’aide d’un scanner intra-oral et de sa caméra
optique.
Principes généraux
Les scanners intra-oraux se sont développés et perfectionnés depuis les travaux de
Duret en 1974 (393 ) avec l’objectif de permettre la numérisation de la cavité
orale : arcades dentaires et leur soutien alvéolaire, et voûte palatine
(figure 23 ).
Fi g u r e 23 : Empreinte dentaire optique. Source : (394 ) .
Le dispositif se compose de trois éléments : une caméra optique, un logiciel,
et un ordinateur dédié. De nombreux modèles sont disponibles sur le marché,
différant par la technologie utilisée. Toutes les caméras ont en commun la
projection d’une lumière sur un objet. La réflexion de cette lumière est
enregistrée comme une image unique à l’instar d’une coupe de scanner. Le logiciel
reçoit les images capturées par la caméra et les convertit en un fichier 3D
exportable au format STL.
Les technologies utilisées sont (393 ) :
microscopie confocale,
tomographie à cohérence optique,
stéréovision et triangulation active et passive,
principes d’interférométrie et de décalage de phase.
Selon une revue de la littérature de 2017, la précision d’acquisition se
situe entre 4 et 16 micromètres avec les scanners intra-oraux, ce qui est au
moins aussi précis que la prise d’empreinte traditionnelle. Ce dispositif est
jugé adapté à la pratique clinique, indépendamment de la technologie
utilisée. Aucun dispositif n’est unanimement considéré comme étant le plus
efficace (395 ) .
Étude de marché
Afin d’identifier le modèle le plus adapté à notre flux numérique, nous
avons identifié des critères ayant un impact clinique en nous basant sur la
littérature (395 ) :
le poids de la caméra ;
le temps d’acquisition, dépendant du logiciel et de la courbe
d’apprentissage ;
la stratégie d’acquisition
(chemin à parcourir en bouche avec la caméra pour compléter l’acquisition) ;
le poudrage – certaines technologies nécessitent de poudrer la surface
dentaire, entrainant un inconfort pour le patient.
Cinq essais ont été réalisés sur l’acquisition d’une arcade maxillaire
complète afin de déterminer le modèle de caméra le plus précis (quatre essais
in vitro et un in vivo ), avec une prise en compte des critères ci-dessus, de
l’ergonomie de la caméra et des logiciels, et de son coût (396 ) .
Trios 3 et 4 de la société 3Shapes.
Omnicam et PrimeScan de la société DentsplySirona.
Element 2 de la société iTero.
i500 de la société Medit.
CS 3600 et CS 3700 de la société Carestream.
Emerald de la société Planmeca.
Ces cinq essais font ressortir un avantage pour Trios3 et PrimeScan,
avec une précision moyenne combinée in vivo – in vitro autour de 35
micromètres.
Entre ces deux modèles, notre choix s’est porté sur Trios3.
Ce modèle se fonde sur la technologie de la microscopie confocale. Une lumière
laser est envoyée sur un objet à travers un diaphragme, un miroir dichroïque et
une lentille. Cette lumière balaie la surface de l’objet dans un plan focal
identique au plan focal de l’objectif qui va recevoir la lumière renvoyée par
l’objet. La lumière va repasser par une lentille, le miroir dichroïque et un
diaphragme. On obtient une coupe optique correspondant à un plan de l’objet.
L’appareil fait varier ce plan dans la hauteur, fournissant une succession de
coupes qui sont traitées informatiquement pour reconstituer une image
3D (395 ) .
L’un de ses principaux avantages réside dans sa suite de logiciels. En effet, la
société danoise est la seule à proposer un logiciel unique (OrthoAnalyzer)
incluant toutes les fonctionnalités du scanner intra-oral sur une seule interface,
facilitant le travail informatique et la prise en main en évitant le jonglage
sur divers supports, avec par ailleurs des fonctions absentes chez les offres
concurrentes : par exemple, possibilité d’enregistrement les mouvements
mandibulaires, permettant d’acquérir des données mécaniques sur l’occlusion
dentaire .
Au plan financier, le positionnement du modèle d’entrée de gamme Trios3 Basic se
veut accessible. La Trios4 se place au-dessus de la gamme Trios3, avec des
fonctionnalités dentaires intéressantes mais peu utiles en chirurgie orthognathique.
Au niveau ergonomie, la caméra se présente sous la forme d’un (gros) stylo avec
une possibilité de prise en main « pistolet » offrant une liberté de mouvement
améliorée. Les Trios3 et 4 sont les seules caméras sans fil disponibles sur le
marché.
Égale en performance, la PrimeScan a l’avantage de présenter un large capteur
permettant une acquisition rapide et fluide des données, mais qui aura donc
l’inconvénient d’être encombrante dans les petites bouches ou en cas de limitation
d’ouverture buccale, ce qui rend son utilisation limitée dans une démarche
orthognathique. Son poids est également supérieur à ce que propose 3Shapes, ce
qui nuit à son ergonomie. Sa chaîne numérique est également compliquée, avec
une multitude de logiciels intervenant dans la démarche. L’exportation au
format STL est par ailleurs impossible, ce qui l’élimine des possibilités
d’achat.
5.4 Choix des logiciels
Plusieurs logiciels sont nécessaires de la capture de données jusqu’à l’impression.
Parmi ces logiciels, différentes interfaces sont spécifiquement médicales, propres
à chaque structure hospitalière et nécessaires au parcours du patient. Ces
dernières, par définition certifiées conformes, et non spécifiques au flux
numérique, sont exclues de notre discussion.
À ces logiciels, comme les systèmes de dossier patient informatisé, s’ajoutent
les logiciels spécifiques du flux numérique. Le logiciel du scanner optique est une
exception car fourni avec le dispositif et ne pouvant être choisi. Ce logiciel, tout
comme le scanner intra-oral lui-même, sont certifiés selon la norme ISO 13485 :
2016 (annexe 5 de la thèse originale (1 ) ).
Dans ce contexte, seuls les logiciels de planification et d’impression restent à
discuter.
Logiciel d’impression
Le logiciel d’impression est dépendant de l’imprimante sélectionnée. Dans notre
cas, Formlabs impose l’utilisation de son logiciel dénommé PreForm. Les
informations concernant PreForm sont disponibles dans la notice d’utilisation de
l’imprimante ou directement sur le site internet de Formlabs (397 ) (figure 24 ). Ce
logiciel offre plusieurs fonctions.
Importation du modèle à imprimer au format STL ;
Vérification de la dimension du modèle – l’échelle se doit d’être au
1 :1 dans notre cas ;
Organisation spatiale des différents modèles afin de limiter la durée
d’impression et d’optimiser la place disponible .
Génération de supports permettant de garantir l’architecture 3D du
modèle
– ces supports sont retirés manuellement en fin de post-traitement du
dispositif.
Calcul des couches nécessaires de résine et donc du nombre de passages
de la buse, dont dépend la durée d’impression – le réglage retenu
pour un rendu de qualité est une épaisseur de couche de 100 microns.
Découpage du modèle en couches successives et envoi à l’imprimante
par réseau WIFI.
Fi g u r e 24 : Interface de PreForm en configuration avant lancement de
l’impression. Source : (397 ) . © Formlabs.
Préparation des modèles dentaires 3D à la planification
La planification 3D se base sur différentes données numériques :
imagerie 3D du patient au format DICOM,
modèle 3D des arcades dentaires au format STL,
selon les équipes, photographie 3D du patient.
Les modèles 3D des arcades dentaires du patient sont importés dans le logiciel
de planification. Ils sont obtenus soit après acquisition directement dans la bouche
du patient avec la caméra optique, soit après scan des modèles en plâtre avec
une caméra optique ou un scanner rayons X (dédié à scanner des moulages ou
scanner médical). Dans l’exemple de notre flux numérique, nous avons précisé
que le logiciel du scanner optique associé à la caméra Trios suffit comme seule
interface pour assurer toutes les étapes de traitement, excepté une étape
importante. En effet, il existe une incompatibilité entre les fichiers STL exportés
depuis le scanner intra-oral et le logiciel de planification (qui sera présenté
ultérieurement) en termes de reconnaissance de l’orientation spatiale du modèle
3D. Le logiciel MeshMixer (Autodesk) peut être utilisé pour résoudre ce
probème. Le STL du modèle souhaité (figure 25 a) peut être importé, puis
placé dans l’espace, horizontalement selon le plan du lit d’impression et
regardant face au praticien (figure 25 b). D’autres fonctions de MeshMixer
peuvent être utiles, comme l’inspection du modèle afin de déceler les
éventuels « trous » dans la segmentation et les combler (figure 25 c) – ces
micro-trous pouvant déstabiliser la structure tridimensionnelle au moment de
l’impression.
Fi g u r e 25 : Exemple de traitement d’une arcade mandibulaire dans
MeshMixer. (a) Modèle tel qu’importé après acquisition par le scanner
intra-oral. (b) Modèle transformé afin de l’orienter dans l’espace. (c) Modèle
inspecté avec détection de « trous » pouvant être corrigés. Source : cas
du Professeur Corre (CHU de Nantes) traité dans MeshMixer. © Pr. P. Corre.
De même, en cas de chirurgie maxillaire segmentée, le logiciel de planification
demande une base palatine solide. Suite au passage de la caméra optique, seule la
surface muqueuse du palais est enregistrée. MeshMixer permet de remplir cette
structure afin de mimer un palais, qui pourra ensuite être coupé virtuellement
durant la planification.
À noter, depuis la version 2022 du logiciel de planification présenté ci-dessous,
les erreurs de spatialisation des fichiers STL semblent avoir disparu, rendant l’étape
présentée dans ce paragraphe optionnelle.
Logiciel de planification
Le logiciel de planification utilisé au CHU de Nantes est IPS CaseDesigner (KLS
Martin), désigné « IPS » dans la suite. Développé spécialement pour la
chirurgie orthognathique, ce logiciel permet de réaliser virtuellement la chirurgie
souhaitée et mimer le déplacement des bases osseuses. Il peut alors générer un
modèle 3D de la gouttière occlusale intermédiaire et de la gouttière finale, et
l’exporter au format STL.
La réglementation actuelle concerne également les logiciels utilisés. La
déclaration de conformité d’IPS (annexe 6 de la thèse originale (1 ) ) atteste que
ce logiciel est marqué CE comme un DM de classe I. Il est donc possible de
l’intégrer dans un flux numérique en respectant un système de gestion de la
qualité tel que demandé par la norme ISO 13485 : 2016.
Création d’un modèle 3D
Le modèle 3D du patient est une représentation 3D numérique basée sur son
squelette crâniofacial, ses arcades dentaires, et ses tissus mous. Les différentes
données importées dans le logiciel de planification vont permettre de construire ce
modèle.
La planification débute par l’importation de l’imagerie du patient au format
DICOM. IPS va automatiquement compiler les coupes du scanner afin de créer un
modèle 3D squelettique du patient (figure 26 ). C’est la segmentation. Une attention
doit être portée au choix du seuil osseux. En effet l’examen présente
des artéfacts liés au matériel métallique orthodontique. Il faut donc
choisir un compromis afin de diminuer au maximum ces artéfacts, sans pour
autant effacer des structures osseuses d’intérêt, notamment les condyles
mandibulaires ou les reliefs de l’épine de Spix nécessaires à la suite de la
planification.
Fi g u r e 26 : Modèle squelettique 3D du patient après segmentation des
données DICOM dans le logiciel IPS. Source : (398 ) . © IPS.
Le modèle du crâne pourra être associé à un modèle cutané avec
l’import d’une photogrammétrie 3D (figure 27 ). Cette technologie est en cours
d’adoption clinique. Sa mise en pratique n’est pas encore d’actualité en 2024. La
combinaison des données osseuses et des données de surface va permettre de
progresser dans la prédiction de la réponse des tissus mous aux mouvements
squelettiques chirurgicaux. L’une des finalités de la chirurgie orthognathique
étant esthétique, cette approche est très prometteuse et répond à une
demande claire des patients. Les prédictions cutanées ne sont pas encore
totalement fiables et nécessitent, pour être améliorées, de bénéficier de la
combinaison d’approches statistiques (apprentissage machine), d’approche bio
mécaniques, et de méthodes d’intelligence artificielle par apprentissage
profond.
Fi g u r e 27 : Modèle cutané 3D du patient après intégration d’une
photographie 3D dans le logiciel IPS. Source : (398 ) . © IPS.
Une fois le modèle 3D créé, il faudra l’orienter selon le plan de Francfort ou
bien selon le maintien de tête naturel du patient (figure 28 ). Des repères
anatomiques peuvent aider dans cette étape, comme la position des zygomas et des
fissures orbitaires, qu’il est possible d’aligner comme souhaité avec la grille
générée par l’interface. Le regard de face est alors plus important que le profil du
patient.
Fi g u r e 28 : Orientation du modèle 3D dans le logiciel IPS. Source : (398 ) .
© IPS.
Afin de compléter le modèle, une segmentation du nerf alvéolaire inférieur
dans son canal sur toute sa longueur peut être réalisée afin de ne pas risquer un
conflit anatomique avec les traits d’ostéotomies, notamment en cas de génioplastie
(figure 29 ).
Fi g u r e 29 : Rendu après segmentation du trajet du nerf alvéolaire inférieur
de l’épine de Spix au foramen mentonnier droit dans le logiciel IPS.
Source : (398 ) . © IPS.
Le logiciel IPS dispose d’un onglet permettant la réalisation d’une céphalométrie
du patient, non utilisée dans notre flux numérique.
Création d’un modèle chirurgical
Le logiciel aide à placer les traits d’ostéotomie (figure 30 ), avec la possibilité
de pratiquer une ostéotomie du maxillaire en plusieurs fragments. La génioplastie
peut également être simulée, mais n’intervient pas dans la production de la
gouttière et ne sera pas détaillée ici. Sa planification virtuelle permettra
cependant une meilleure appréciation du rendu esthétique final, avec une
sécurité augmentée grâce à la visualisation du nerf alvéolaire inférieur et de
la position des apex dentaires.
Fi g u r e 30 : Création d’un modèle chirurgical dans le logiciel IPS. (a)
Tracé de l’ostéotomie maxillaire. (b) Tracé de l’ostéotomie sagittale d’une
branche montante de la mandibule. (c) Tracé d’une génioplastie. (d) Rendu
des ostéotomies mandibulaires avec mise en évidence du nerf alvéolaire
inférieur. (e) Rendu des ostéotomies maxillo-mandibulaire sur le modèle 3D.
Source : (398 ) . © IPS.
5.5 Choix de l’occlusion finale
Quatre options sont possibles :
importation de l’occlusion finale scannée sur les modèles dentaires en
plâtreé ;
occlusion idéale automatique ;
chirurgie à main levée ;
mise en occlusion selon une arcade référente.
Dans le cas où les empreintes dentaires ont été prises à l’alginate afin de
couler des modèles dentaires en plâtre, un montage sur un articulateur type
Galetti est possible, avec positionnement selon l’occlusion finale choisie.
Cette position sera alors scannée grâce à la caméra optique et sera
importée directement dans le logiciel IPS (figure 31 b). Cet articulé dentaire
pourra être sélectionné, après gommage des excédents comme le socle.
Une étape d’alignement avec le modèle 3D permet d’assurer une bonne
reconnaissance des structures. Les ostéotomies étant réalisées, les bases osseuses
sont libres comme durant la chirurgie et le logiciel pourra les positionner
selon l’occlusion finale importée. L’onglet « diagnostic » nous permettra
alors de visualiser les déplacements effectués selon des points repères
pré-établis.
Si les empreintes dentaires ont été capturées par scanner optique, les
modèles dentaires peuvent être imprimés afin d’être montés sur articulateur,
permettant de reprendre les étapes ci-dessus.
À ce stade, l’importation directe du modèle sans passer par une réorientation
sur MeshMixer risque de causer une erreur. Le logiciel IPS ne permet pas de modifier
directement cette orientation depuis son interface. Une fois le modèle importé, il
faudra veiller à ce que l’arcade supérieure corresponde bien à l’arcade maxillaire
et inversement. Des repères seront alors placés sur le modèle dentaire, et leurs
miroirs seront placés sur le modèle complet du patient, afin de permettre un
alignement optimal des deux structures.
IPS peut également simuler directement une occlusion virtuelle. Après
l’enregistrement de points repères, le logiciel va positionner les arcades dentaires
selon la meilleure occlusion (figure 31 ). Un occlusiogramme utilisant une échelle de
couleurs va permettre d’identifier les zones d’interférences ou d’infraclusie.
L’utilisateur pourra alors ajuster l’occlusion comme il le souhaite. Les bases osseuses
suivront ensuite le déplacement des dents selon les traits d’ostéotomies
réalisés.
Fi g u r e 31 : (a) Occlusion virtuelle avec son occlusiogramme proposé par le
logiciel IPS. (b) Importation de l’occlusion scannée dans le logiciel IPS avant
élimination du socle et inclusion au modèle 3D. Source : (398 ) . © IPS.
Certains cas complexes peuvent rendre irréalisables les étapes décrites
précédemment. Dans le cas d’une chirurgie première, le positionnement des bases
osseuses primera sur l’occlusion. Il en est de même en cas de dysmorphose sévère.
En cas de déplacements osseux trop importants, un compromis devra être
réalisé. De même, face à une grande asymétrie faciale, il peut être plus simple
de raisonner d’abord en plaçant les structures osseuses, puis d’adapter
secondairement selon l’occlusion obtenue. Dans ce cas, le logiciel offre la possibilité
de réaliser une planification à main levée (figure 32 ). Les bases osseuses
seront alors déplacées dans les trois plans de l’espace comme souhaité, en
translation et en rotation. Une fois encore, la grille de l’interface et l’onglet
« diagnostic » (qui quantifie les déplacements) assisteront le chirurgien, qui devra
rechercher le compromis idéal entre positionnement osseux et articulé
dentaire.
Fi g u r e 32 : Planification à main levée dans le logiciel IPS pour un patient
présentant une importante asymétrie faciale dans le cadre d’un syndrome
de microsomie hémifaciale. À noter la persistance d’une endomaxillie droite
qui sera corrigée secondairement. Présentation des valeurs des déplacements
dans l’onglet « diagnostic » du logiciel. Source : cas du Professeur Corre
(CHU de Nantes) planifié dans IPS. © Pr. P. Corre.
À noter qu’en cas de planification d’une chirurgie ne concernant qu’une arcade
dentaire, une fonctionnalité permet de mettre en occlusion l’arcade opposée,
opérée, avec l’arcade bien positionnée (figure 33 ). Ce système peut également
être utilisé en cas de chirurgie maxillo-mandibulaire dans le cas où une arcade est
mise en occlusion avec son antagoniste, utilisée comme référence. La
seconde arcade sera alors déplacée, ce qui mobilisera les deux arcades en
bloc.
Fi g u r e 33 : (a) Positionnement de la mandibule selon la position du maxillaire.
(b) Positionnement du maxillaire selon la position de la mandibule. À noter
une génioplastie associée. Source : (398 ) . © IPS.
Génération des gouttières occlusales
Quel que soit le déroulement de la planification, un onglet dédié permet de
générer automatiquement les gouttières occlusales (figure 34 ). Après avoir
vérifié que l’autorotation mandibulaire ne soit pas source de conflits osseux, il faut
définir, de la mandibule ou du maxillaire, lequel sera ostéosynthésé en premier.
La gouttière sera générée en sélectionnant les surfaces occlusales à
intégrer. Pour obtenir une bonne préhension dentaire, les gouttières
s’étendent généralement des dents 6 à 6. Une zone incluse dans la
gouttière sera dédiée à l’impression de quelques informations importantes :
« intermédiaire » ou « finale » , ainsi qu’une identification du patient et la date
de production.
Fi g u r e 34 : Génération de gouttières occlusales dans le logiciel IPS.
Sélection de la surface couverte par la gouttière après sélection d’une
épaisseur type entre thin , regular , thick , thikest . À noter l’importance de
sélectionner la partie vestibulaire des faces occlusales dentaires pour une
meilleure retenue de la gouttière. Source : (398 ) . © IPS.
Les gouttières proposées par IPS sont faiblement personnalisables : seule leur
épaisseur peut être modifiée, généralement choisie pour être la plus faible
possible. Une alarme apparaît quand la gouttière est trop fine. Par habitude, les
gouttières du CHU de Nantes ont une épaisseur correspondant à cette limite
inférieure avec le rajout d’une marge de 0,2 mm.
Les gouttières sont exportées au format STL et intégrées au logiciel de
l’imprimante. IPS permet également de transférer un fichier STL vers leur
producteur, IPS Gate, dans le cas où le service ne dispose pas d’un système
d’impression local.
En raison des limites d’IPS en termes de CAO, les gouttières imprimées ne sont
pas prêtes à l’emploi. Afin de garantir une congruence parfaite entre la
gouttière intermédiaire et les arcades dentaires durant la chirurgie – et une
absence complète de mouvements résiduels lors de l’ostéosynthèse –
elle sera ligaturée aux arcades dentaires par des fils métalliques. Ainsi,
une fois le modèle imprimé, nettoyé dans le bain de solvant, et cuit
dans le four à UV, le prothésiste dentaire est chargé de compléter la
gouttière par des trous permettant le passage des fils d’acier. Cependant, la
gouttière ne dispose pas de la surface suffisante pour positionner ces trous
sans altérer les surfaces occlusales : de la résine est ajoutée sur sa face
vestibulaire afin d’en augmenter la surface, les trous pouvant alors être
percés.
De même, le design de gouttière définitive proposé ne permet pas d’obtenir
un système de rétention suffisant : selon le même principe, de la résine est
rajoutée afin de pouvoir percer deux trous de chaque côté et attacher une
chaînette élastomérique par deux ligatures métalliques. Celle-ci sera passée
au-dessus des potences orthodontiques maxillaires afin de garantir une fixation de la
gouttière à l’arcade dentaire maxillaire.
La résine utilisée pour ces additions est une résine classiquement utilisée par
les prothésistes dentaires en orthodontie, et celle déjà utilisée dans le service
de chirurgie maxillo-facial du CHU de Nantes dans le flux de production
conventionnel des gouttières. Sa référence est : Orthoresin (Dentsply
Sirona).
6 Stérilisation et conditionnement
L’étape de stérilisation permet d’assurer que le DM n’apporte pas de germes
extérieurs sur le champ opératoire. En fabrication additive, comme les matériaux
sont déposés couche par couche, la structure finale peut théoriquement comporter
des « inclusions » de bactéries, qui pourraient être libérées si la structure est
coupée pendant le temps chirurgical.
La stérilisation est réalisée dans le strict respect de la norme ISO 14937 :
2009 : « Stérilisation des produits de santé – Exigences générales pour la
caractérisation d’un agent stérilisant et pour la mise au point, la validation et la
vérification de routine d’un processus de stérilisation pour dispositifs
médicaux » (399 ) , ainsi que suivant les recommandations émises par le
ministère de la santé au sein du document « bonnes pratiques de pharmacie
hospitalières » , édité en juin 2001 (400 ) .
Tous les DM ne doivent pas être stérilisés. La classification de Spaulding
renseigne sur la nécessité de prise en charge du DM par le service de stérilisation.
Elle définit trois catégories selon les tissus biologiques en contact, avec pour
chacun un niveau de risque et un traitement associé (401 ) :
DM critique,
DM semi-critique,
DM non critique.
Une interprétation de la situation consiste à considérer que les gouttières
occlusales étant introduites dans une cavité stérile (la bouche est dans le champ
opératoire), les gouttières sont classées parmi les DM critiques à haut risque
infectieux. Une stérilisation ou, à défaut, une désinfection de haut niveau est
alors nécessaire. D’une manière générale, en stérilisation, un certain
nombre d’informations sont recueillies au moyen des fiches techniques des DM
afin de remplir une check-list pour référencer le DM. L’Unité Centrale
de Stérilisation (UCS) du CHU de Nantes a constitué des logigrammes
pour chaque étape du processus de stérilisation afin de ne pas altérer les
propriétés du DM. Cependant, toute cette approche peut être remise en
cause car la bouche est une zone contaminée. Les gouttières produites
par les méthodes traditionnelles ne sont jamais stérilisées mais sont
trempées dans des solutions désinfectantes sur la table opératoire (protocole
établi par l’expérience des équipes et validé par l’Unité de gestion du
risque infectieux (UGRI) de l’hôpital), plus par habitude que selon des
données scientifiques. Dans ce contexte, nous présentons ici le protocole de
stérilisation adopté au CHU de Nantes. Il correspond plus à un exercice
formel pour se conformer aux exigences réglementaires qu’à une réalité
médicale.
Le processus de stérilisation se compose de plusieurs étapes :
Les gouttières ne devront pas être pré-désinfectées car elles n’ont jamais
été utilisées au préalable. Le lavage se fera en laveur désinfecteur automatisé
selon différentes étapes : une phase de lavage à 55 ° C pendant 300 secondes
dans une eau spécifique, puis une phase de désinfection à 93 ° C pendant
180 secondes dans un nouveau mélange. Une attention particulière est
portée à l’étape de brossage. Du fait des reliefs de la gouttière, elle sera
nettoyée à l’aide d’une brosse adaptée au DM. Le rinçage est réalisé à
l’eau osmosée. Le séchage s’effectue par lingette puis éventuellement par
soufflage d’air comprimé, pour éviter toute recontamination. À l’issue de
ce lavage, une vérification de l’intégrité du DM est réalisée par le
personnel.
Le conditionnement du DM se fait dans le respect des normes suivantes.
Exigences générales : ISO 11607-1 « Relatives au matériau,
système de barrière stérile et système d’emballage » (402 ) .
Exigences générales : ISO 11607-2 « Relatives aux exigences de
validation pour les procédés de formage, scellage et assemblage :
qualification de l’installation, opérationnelle et performance » (403 ) .
Exigences en fonction des types de conditionnement : NF EN 868 -2
à 10.
Ce conditionnement est effectué le plus précocement possible après le
nettoyage, afin d’éviter toute contamination. Le système d’emballage est
constitué d’un système de barrière stérile préformé – un premier sachet –
puis d’un emballage de protection, correspondant à un second sachet. Ce double
emballage est requis en raison du transport et du stockage au bloc opératoire. Le
système de barrière stérile est un sachet thermoformé répondant à la norme
NF EN 868-5. L’emballage de protection, le système le plus externe, est
constitué de polyéthylène ayant les mêmes propriétés que le premier
sachet.
Après avoir été conditionnées dans le système de barrière stérile, les
gouttières sont stérilisées par vapeur d’eau à l’autoclave dans un cycle
instrument conteneur de 134 ° C pendant 18 minutes. L’efficacité de la
stérilisation par vapeur d’eau est contrôlée par la réalisation du test
de Bowie Dick (404 ) , attestant d’une bonne pénétration de la vapeur
d’eau.
Ce protocole local est compatible avec les recommandations de Formlabs
concernant sa résine. En effet Formlabs recommande une stérilisation de la résine
choisie à l’autoclave à 134 ° C pendant 20 minutes.
Le système d’emballage ainsi que la stérilisation par vapeur d’eau garantissent
une stérilité de six mois. Ainsi, nous pouvons déterminer la date de péremption
comme étant la date de stérilisation dépassée de six mois, à moins que le
conditionnement destiné à en préserver l’état stérile ou microbien soit
endommagé.
Le sachet du DM stérilisé est marqué d’une double étiquette, permettant de
l’adresser au bloc opératoire via le service logistique. Cette étiquette doit
mentionner les éléments suivants :
le site destinataire, avec le nom et le numéro de l’unité fonctionnelle ;
le nom du dispositif médical ;
la date de péremption, exprimée par l’année, le mois et le jour ;
le numéro de traçabilité, permettant de retracer l’historique du
processus de stérilisation ainsi que des usages du DM ;
le type d’emballage, précisant qu’il s’agit d’un emballage double
sachet ;
le code barre permettant l’identification du DM à l’unité de
stérilisation et au bloc opératoire.
Cette étiquette doit également comporter d’autres informations imposées par
la réglementation européenne (voir paragraphe 8.2 ).
Elle sera utile durant le temps opératoire car elle sera collée sur le document de
traçabilité opératoire.
7 Organisation logistique
7.1 Imprimante et outils de post-traitement
Le service de chirurgie maxillo-faciale du CHU de Nantes est doté d’une imprimante
Form2 datant de février 2018. Pour répondre à une demande croissante dans le
cadre de la certification du flux, et pour pallier les risques de panne, deux
nouvelles imprimantes Form3 de nouvelle génération ont été achetées,
avec les FormWash et FormCure correspondants (annexe 7 de la thèse
originale (1 ) ).
7.2 Consommables d’impression et d’acquisition
Certains consommables sont nécessaires pour alimenter le flux numérique, dont
l’alcool isopropylique et de la résine liquide.
L’alcool isopropylique est le solvant alcoolique utilisé par le bain FormWash. Les
stocks de résine BioMed Clear sont gérés par le prothésiste du service. Les
commandes seront passées directement avec la pharmacie centrale du CHU de
Nantes qui les redirige vers Formlabs. La vérification du stock est assurée
quotidiennement par les aides-soignants du service. Elle fait l’objet d’une
traçabilité sur bon standardisé transmis au cadre de santé. Un contrat
d’approvisionnement a été signé entre le CHU de Nantes et Formlabs,
garantissant un approvisionnement suffisant pour deux années de fonctionnement en
termes de ressources.
Le service doit également disposer d’un autre consommable spécifique
à l’acquisition numérique de données : les embouts pour la caméra
optique du scanner intra-oral. Ces embouts à usage unique s’adaptent à
l’extrémité de la caméra afin de garantir une acquisition des arcades dentaires
directement en bouche avec respect des règles d’hygiène. Cet approvisionnement
est effectué par le cadre de santé du service auprès du fournisseur de
3Shapes.
7.3 Logiciels
Le logiciel OrthoAnalyzer du scanner intra-oral de 3Shapes est disponible
en libre accès. La licence n’est pas limitée dans le temps. Différentes
mises à jour sont proposées selon l’amélioration du support et selon
l’achat de nouvelles fonctionnalités. Le logiciel MeshMixer est en accès
libre sur Internet, son utilisation est ainsi garantie sans limite de temps
après téléchargement bien que l’éditeur n’en assure plus la mise à jour.
Le logiciel IPS est accessible après achat d’une licence auprès de KLS
Martin. Il existe deux formules : achat sans limite de temps ou achat d’une
licence annuelle avec nécessité d’un renouvellement. L’achat s’accompagne
de la mise à disposition d’un système d’assistance et de formation de la
part du fournisseur. PreForm est disponible en libre accès sur le site de
Formlabs ,
sans limite de temps, et est actualisé par le fournisseur.
7.4 Traçabilité
Après impression, chaque gouttière est identifiée à l’aide d’étiquettes (voir
paragraphe 9.2 ) tout au long de son cycle d’utilisation. Elles sont accompagnées
d’un code barre d’identification, qui sera scanné afin de vérifier la nature du DM
lors de différentes étapes :
lors de la prise en charge par l’UCS ;
en fin de stérilisation après conditionnement en double-sachet ;
lors de sa livraison au bloc opératoire ;
à l’ouverture du sachet au début de l’intervention chirurgicale afin de
mettre à disposition le DM ;
en fin d’intervention chirurgicale.
8 Organisation spatiale, local dédié
Afin de garantir la meilleure efficacité et sécurité du flux numérique, la mise à
disposition d’un local dédié a été réfléchie selon un cahier des charges
spécifique. L’objectif était de réunir spatialement les différentes étapes de
conception du DM, pour rapprocher les différents intervenants. Ainsi le dialogue
entre les praticiens concernés était favorisé, avec limitation de l’intervention de
tiers, réduction du temps de production et facilitation de la centralisation du
flux.
8.1 Sécurité
Sécurité générale
L’organisation du local doit se faire dans le respect des règles de sécurité en
vigueur. L’impression 3D expose à des risques, avec nécessité de mesures à la
fois préventives et correctives. Selon la loi de sécurité et de santé au travail,
« tout employé doit être formé et informé, protégé contre les risques
professionnels, et se voir fournir l’organisation et les moyens adaptés à son
activité » (405 ) .
Ainsi, le personnel manipulant les machines d’impression 3D est formé et
reçoit des équipements de protection individuelle. Formlabs fournit des
recommandations de sécurité pour le maniement de ses appareils et indique
que :
l’alcool isopropylique est un irritant des voies respiratoires et est
inflammable ;
la résine peut être irritante pour la peau ;
les outils livrés avec l’imprimante sont coupants.
Le service doit mettre des masques et gants de protection à disposition du
personnel. Des affiches d’information appropriées sont affichées dans les lieux
dédiés.
Ventilation
La ventilation nécessaire à un espace de travail est strictement encadrée (406 ) .
Le Code du travail, dans son article R4222-3, définit le site d’implantation
d’une imprimante 3D comme partie intégrante des « locaux à pollution
spécifique » (407 ) . Il en résulte une nécessité de respecter des valeurs limites
admissibles de concentration de poussières, gaz, aérosol ou vapeurs afin de
préserver la santé et la sécurité du personnel. Un local à pollution spécifique
doit ainsi avoir une ventilation mécanique introduisant 45 m3 d’air neuf par heure
et par occupant (408 ) .
Ainsi, dans le local conçu par le CHU de Nantes, les pratiques sécuritaires sont
mises en œuvre et maîtrisées afin de protéger le personnel impliqué, en
offrant un apport de 45 m3 d’air neuf par heure et par occupant, grâce
à un espace naturellement bien ventilé, et disposant d’un système de
ventilation par purificateur avec filtre High-Efficiency Particulate Air (HEPA
ou filtre à air à particule à haute efficacité) et système d’extraction
extérieure.
Sécurité électrique
L’accumulation du matériel du flux numérique peut générer une surcharge
électrique. Formlabs certifie que l’imprimante et les outils associés respectent
différentes normes en lien avec la sécurité électrique (389 ) :
8.2 Organisation du local dédié
Le local conceptualisé par l’équipe du CHU de Nantes se compose d’une
pièce principale divisée en deux par une cloison partielle. L’ensemble est
sécurisé contre le vol, et l’accès est soumis à un contrôleur de carte à
puce.
La première section se concentre sur le patient. Un mur d’entrée peint en noir
avec luminaires adaptés va permettre la prise de photographies standardisées du
patient. Dans le futur, il sera possible d’y implanter du matériel de photographies
3D afin d’améliorer la planification des cas.
À côté se trouve un fauteuil dédié à la prise des empreintes dentaires
numériques à l’aide du scanner intra-oral 3Shape par du personnel formé. Un
ordinateur est présent dans la cette première zone, intégré au scanner
intra-oral.
La seconde section du local, inaccessible au patient, est le laboratoire 3D,
comprenant un plan de travail portant le matériel d’impression (l’imprimante, le
bain et le four) et permettant la manipulation des DM imprimés notamment durant
le post-traitement (retrait des supports). Cette seconde section abrite également les
ordinateurs dédiés à la planification, ainsi que la bouche du système de
ventilation adapté pour l’extraction de l’air vers l’extérieur.
Ce plan est proposé comme exemple et illustration. Il est, au moment de la
rédaction du présent ouvrage, en cours de remise en forme. En effet, il a été
décidé une séparation physique entre le circuit accessible aux patients et le
matériel d’impression afin d’optimiser la sécurité du patient et de limiter les
interactions avec le personnel travaillant sur le flux numérique.
Espace photographie
Les photographies standardisées font partie du dossier médical. Afin de garantir
leur comparabilité, elles doivent être standardisées. Leur réalisation se fait
après signature d’un consentement éclairé par le patient. Les incidences
standardisées sont :
face, au repos et au sourire ;
profil ;
contre-plongée ;
occlusion de face, visage entier ;
occlusion de près de face puis
\(\frac{3}{4}\)
droit et
\(\frac{3}{4}\)
gauche ;
corps entier ou focus sur des zones particulières au besoin selon la
clinique (cicatrices notamment).
Comme nous l’avons évoqué au chapitre 2, ces photos, prises à l’issue de
chaque consultation, vont permettre une description précise de la dysmorphie du
patient, d’assister la communication entre praticiens et donc la pédagogie, et d’aider
au suivi de l’évolution du patient. Ces photographies sont réalisées à la fin de la
consultation par un photographe professionnel rattaché au service ou, à défaut,
par le chirurgien. Elles sont stockées sur le réseau intranet de l’hôpital et
accessibles grâce à un logiciel de gestion d’images médicales. Ces données sont
confidentielles et sécurisées. Afin de garantir la standardisation des photos, leur
demande se fait sur un bon standardisé.
Accessibilité à l’imagerie
Le diagnostic, la réalisation du plan de traitement, et la planification du cas
se fondent sur plusieurs examens d’imagerie standardisés. Le service de
chirurgie maxillo-faciale du CHU de Nantes dispose d’un accès facilité aux
téléradiographies et aux orthopantomogrammes. L’imagerie 3D du patient se fait
idéalement sur un scanner sans injection ou un Cone Beam Computed Tomography
(CBCT). Par souci d’accessibilité, l’habitude du service est de pratiquer
un CBCT. Ces trois examens sont accessibles directement à l’issue de la
consultation, sur rendez-vous ou sur créneau d’urgence. Les images sont ensuite
accessibles sur la plateforme numérique de l’hôpital, le Picture Archiving and
Communication System (PACS). Le PACS permet le stockage et l’accès aux
images médicales grâce à un logiciel de traitement des images médicales,
Carestream.
Pour la planification, l’imagerie 3D recommande un champ d’acquisition de
l’ensemble de la face, mandibule incluse, et du crâne. La résolution spatiale, à
savoir la taille des voxels, doit être de 0,35 à 0,40 mm. Le patient doit rester
immobile pendant la durée de l’acquisition, présenter les lèvres et la mâchoire
inférieure au repos afin de garantir une position des condyles en relation centrée.
Cette position des condyles est garantie par le port d’une cire d’occlusion réalisée
par le chirurgien durant la consultation. Le patient doit être debout, le port de
tête en position naturelle.
Espace de stockage
Une organisation précise du stockage est garante de la disponibilité des différents
consommables et DM. Le stockage intervient tout au long de la vie du DM et en
amont avec le stockage des matières premières.
Matières premières
Les matières premières se divisent en deux groupes : celles nécessaires à la
prise en charge directe du patient, et celles nécessaires à l’impression
3D.
Dans la première catégorie, seuls les embouts pour le scanner intra-oral sont
spécifiques du flux numérique. Ces embouts sont stockés à proximité de la
consultation dans des sachets individuels. La vérification du stock disponible est
tracée sur un bon standardisé.
Les consommables d’impression sont stockés dans des pièces spécifiques :
l’alcool isopropylique dans une pièce ignifugée car inflammable, dans des armoires
ventilées. La résine doit être stockée dans une pièce maintenue à une
température de 10 à 25 ° C.
L’élimination de l’alcool isopropylique et de la résine est prévue selon les
instructions des autorités locales et la fiche de données de sécurité. L’alcool
isopropylique est éliminé via le service « déchets inflammables et toxiques » .
Pour ce qui est de la résine, des containers spécifiques sont mis à disposition et
une collecte est organisée.
Gouttières occlusales
Le parcours de vie des gouttières les fait passer par plusieurs étapes. Dès la
fin de l’impression, le prothésiste dentaire du service est chargé du post-traitement
jusqu’à leur état définitif et opérationnel. À ce stade, le DM est stocké dans
un contenant rigide, afin de le protéger de tout dépôt, contamination ou
endommagement. Ce contenant doit également être opaque, afin de ne pas altérer
la couleur de la résine du DM, suivant les consignes du fabricant. Sur ce contenant
est apposée une étiquette spécifique d’identification du DM, permettant
de l’identifier. Cette étiquette est différente de l’étiquette du patient
et de l’étiquette issue de la stérilisation. Elle contient les informations
suivantes.
Identification du DM, considéré comme « numéro d’identification
unique » , composé du numéro de fabrication à trois chiffres,
correspondant au nombre de DM imprimés depuis le 1er janvier de
l’année en cours suivi de l’année de fabrication. Cet identifiant est
différent du numéro d’identification IPP du patient.
Date de l’impression.
Identification de l’imprimante utilisée.
Numéro de lot de la résine utilisée.
Nom du patient destinataire, son numéro IPP, et son code barre
associé.
Nom du médecin prescripteur, à savoir le chirurgien destinataire.
Les gouttières sont envoyées à l’Unité centrale de stérilisation (UCS) via
le service d’envoi interne du CHU de Nantes des DM à stériliser. Elles
seront ensuite dirigées vers le bloc opératoire dans leur double sachet
de conditionnement, et identifiées avec l’étiquette décrite ci-dessus, et
avec la nouvelle étiquette de stérilisation. Le contenant vide sera joint au
dossier médical afin d’accueillir de nouveau les gouttières après leur
usage.
À la fin du temps opératoire, la gouttière intermédiaire est retournée
jusqu’au prothésiste du service, qui sera chargé de son archivage. Si des
modèles dentaires physiques du patient ont été utilisés, la gouttière
intermédiaire est stockée dans son contenant dans une boîte commune,
dans une salle dédiée à l’archivage de tous les modèles dentaires des
patients du service. Selon les habitudes des services, des praticiens et de la
dysmorphie, la gouttière finale sera portée par le patient en post-opératoire
afin de guider son occlusion. Ce port habituel peut se prolonger jusqu’à
30-45 jours en post-opératoire. À la fin de leur utilisation, les gouttières
terminales sont également stockées avec les modèles dentaires comme décrit
précédemment.
Les gouttières font partie intégrante du dossier médical pendant une durée
théorique de trente ans. Leur stockage se fait dans le service pendant deux ans.
Après cette période, elles sont remises au patient, chargé de les stocker dans la
boîte dédiée.
9 Documents associés au dispositif médical
Un DM isolé n’est pas utilisable selon les dernières recommandations du chapitre
III du règlement UE 2017/745, intitulé : « exigences générales relatives aux
informations fournies par le fabricant » . Ainsi, chaque DM doit être accompagné
des informations nécessaires à son identification et à celle de son fabricant, ainsi
que de toutes informations relatives à la sécurité et aux performances utiles à
l’utilisateur. Plusieurs documents doivent accompagner un DM à différentes
étapes de son utilisation :
9.1 Validation de conformité
Selon l’alinéa 1 de l’article 15 du règlement UE 2017/745 (125 ) , la validation de
conformité, présente dans le dossier médical du patient, atteste que les exigences
du règlement ont été respectées. Elle autorise l’usage du DM. En cas de
non-conformité, elle permet de rediriger le DM afin de détecter et corriger l’erreur
via le PSUR (non obligatoire pour un DM de classe I) et via des mesures correctrices.
Ce document intervient donc dans une logique de suivi, d’évaluation, de détection
des éléments porteurs de risques et effets indésirables, et d’amélioration
continue.
Pour reprendre l’annexe IV du règlement européen, la déclaration de
conformité doit contenir différents éléments (125 ) .
Le nom, la raison sociale ou la marque déposée, et, s’il a déjà
été délivré, le numéro d’enregistrement unique visé à
l’article 31 du fabricant et, le cas échéant, de son mandataire,
et l’adresse de leur siège social à laquelle ils peuvent être
joints et celle de leur lieu d’établissement.
Une attestation certifiant que la déclaration de conformité UE
est établie sous la seule responsabilité du fabricant.
Le nom et la dénomination commerciale du produit, le code du
produit, le numéro dans le catalogue ou une autre référence
non équivoque permettant l’identification et la traçabilité du
dispositif faisant l’objet de la déclaration de conformité UE,
telle qu’une photo, si nécessaire, ainsi que sa destination.
La classe de risque du dispositif conformément aux règles
établies à l’annexe VIII.
Une déclaration attestant que le dispositif faisant l’objet de la
déclaration de conformité UE respecte le présent règlement
et, le cas échéant, toute autre législation de l’Union
applicable prévoyant l’établissement d’une déclaration de
conformité UE.
Des références aux spécifications communes qui ont été
utilisées et par rapport auxquelles la conformité est
déclarée.
Le cas échéant, le nom et le numéro d’identification
de l’organisme notifié, une description de la procédure
d’évaluation de la conformité suivie et la référence du ou
des certificats délivrés.
Le cas échéant, des informations supplémentaires.
Le lieu et la date de délivrance de la déclaration, le nom et la
fonction du signataire ainsi que la mention de la personne pour
le compte de laquelle ce dernier a signé, et la signature.
9.2 Étiquettes
Plusieurs étiquettes vont jouer un rôle crucial à différentes étapes clés de la
vie du DM :
étiquette d’identification du DM apposée à la fin de la fabrication du
DM, l’accompagnant tout au long de son utilisation ;
étiquette de stérilisation apposée au décours de la stérilisation du
DM et utilisée jusqu’au temps opératoire ;
étiquette d’identification du patient non spécifique du flux numérique
et du DM.
Le règlement encadre la réalisation de ces étiquettes de plusieurs
points (125 ) .
Le support, le format, le contenu, la lisibilité et l’emplacement
de l’étiquette et de la notice d’utilisation sont adaptés au
dispositif concerné, à sa destination ainsi qu’aux connaissances
techniques, à l’expérience et au niveau d’éducation et de
formation du ou des utilisateurs auxquels le dispositif est
destiné. En particulier, la notice d’utilisation est rédigée
dans des termes faciles à comprendre par l’utilisateur auquel
le dispositif est destiné et, s’il y a lieu, complétée par des
dessins et des graphiques.
Les informations devant être mentionnées sur l’étiquette
figurent sur le dispositif proprement dit. Si cette solution ne peut
être mise en pratique ou n’est pas adaptée, tout ou partie des
informations peuvent figurer sur le conditionnement de chaque
unité et/ou sur le conditionnement de dispositifs multiples.
Les étiquettes sont fournies dans un format lisible par l’homme
et peuvent être complétées par des informations lisibles par
machine, comme l’identification par radiofréquence (RFID) ou
des codes à barres.
Il est important de noter que les gouttières étant des DM « sur mesure » ,
elles ne sont pas soumises à la traçabilité via un système d’identification unique
des dispositifs (IUD) selon l’alinéa 42 du chapitre 1 du règlement UE
2017/745 (125 ) .
En se rapportant au règlement (UE) 2017/745 (125 ) , dans notre situation,
l’étiquette doit comporter les informations suivantes :
le nom ou la dénomination commerciale du dispositif ;
les données strictement nécessaires pour permettre à l’utilisateur
d’identifier le dispositif et de déterminer le contenu du conditionnement
et, si elle n’est pas manifeste pour l’utilisateur, la destination du
dispositif ;
le nom, la raison sociale ou la marque déposée du fabricant, ainsi que
l’adresse de son siège social ;
le numéro de lot ou le numéro de série du dispositif précédé,
une indication univoque de la date limite d’utilisation ou d’implantation
du dispositif en toute sécurité, exprimée au moins par l’année et le
mois, s’il y a lieu ;
en l’absence d’une indication de la date jusqu’à laquelle le dispositif
peut être utilisé en toute sécurité, la date de fabrication. Cette date
peut être intégrée dans le numéro de lot ou le numéro de série,
à condition d’être clairement identifiable ;
si le dispositif est fourni à l’état stérile, une indication de cet état
et de la méthode de stérilisation utilisée ;
la mention « dispositif sur mesure » ;
une indication précisant que le dispositif est un dispositif médical.
L’étiquette apposée à l’issue de la stérilisation doit répondre aux
obligations suivantes afin de garantir l’état stérile du DM :
l’indication permettant de reconnaître le conditionnement
stérile ;
l’indication que le dispositif est en état stérile ;
la méthode de stérilisation ;
le nom et l’adresse du fabricant ;
la description du dispositif ;
la mention « dispositif sur mesure » ;
l’indication du mois et de l’année de fabrication ;
une indication univoque de la date limite d’utilisation ou
d’implantation du dispositif en toute sécurité, exprimée au
moins par l’année et le mois ;
l’instruction indiquant qu’il convient de se reporter à la
notice d’utilisation afin de savoir comment procéder lorsque le
conditionnement stérile est endommagé ou involontairement
ouvert avant utilisation.
À titre d’exemple, les étiquettes accompagnant les gouttières occlusales
commercialisées par Global D témoignent de leur conditionnement mais montrent
que ces DM ne sont pas stérilisés (figure 35 ).
Fi g u r e 35 : Étiquettes des gouttières Splin Tek commercialisées par Global
D. (a) et (b) Étiquettes présentes sur la boite. (c) Étiquette présente sur
le produit. (d) Étiquette patient. Source : Documentation spécifique du DM
Splin Tek de Global D. © Global D.
9.3 Notice d’utilisation
Le règlement (UE) 2017/745 encadre par plusieurs points la rédaction des notices
d’utilisation. Ce texte avance que :
Une notice d’utilisation est fournie avec les dispositifs [...].
Lorsque des dispositifs multiples sont fournis à un seul
utilisateur et/ou en un seul lieu, la notice d’utilisation peut être
fournie en un exemplaire unique { ...} .
La notice d’utilisation peut être fournie à l’utilisateur
autrement que sous forme imprimée (fichier électronique, par
exemple), uniquement sous réserve des conditions établies par
le règlement (UE) n° 207/2012 ou de toute règle d’exécution
ultérieure adoptée en application du présent règlement.
Les risques résiduels qui doivent être communiqués à
l’utilisateur et/ou à d’autres personnes figurent dans les
informations fournies par le fabricant sous la forme de
restrictions, de contre-indications, de précautions ou de mises
en garde.
Le cas échéant, les informations fournies par le fabricant
sont indiquées sous la forme de symboles reconnus au niveau
international. Tout symbole ou couleur d’identification est
conforme aux normes harmonisées ou aux spécifications
communes. Dans les domaines où il n’existe ni norme
harmonisée ni spécification commune, les symboles et couleurs
utilisés sont décrits dans la documentation fournie avec le
dispositif.
Ainsi, à chaque gouttière est jointe une notice d’utilisation sur un
support dédié. Cette notice traite de l’usage per-opératoire de la gouttière
intermédiaire et finale, ainsi que du devenir de ces gouttières.
Cette notice est accompagnée de plusieurs éléments :
description de la gouttière,
composition du DM,
indications d’usage,
contre-indications d’usage,
instructions générales d’utilisation,
précautions d’emploi,
effets indésirables et conduite à tenir,
modalités de stérilisation,
modalités de stockage,
devenir après utilisation,
performances du DM,
sécurité.
10 Système de gestion de la qualité
Le fabricant doit disposer d’un système de gestion de la qualité en accord avec
l’article 5.5 et l’annexe I du règlement et des règles ISO standards. Le système
de gestion de la qualité est décrit dans le chapitre 1, article 10, alinéa 9 du
règlement européen.
Le référentiel normatif applicable aux systèmes de management de la qualité
des dispositifs médicaux est la norme harmonisée NF EN ISO 13485. En tant
que norme harmonisée, son application vaut présomption de conformité
avec les exigences réglementaires. Le règlement n’impose la certification
NF EN ISO 13485 ni pour le fabricant, ni pour le distributeur ou l’importateur.
Pour un établissement de santé, les certificats permettant de vérifier, lors de leur
référencement, la conformité des produits sont les certificats de conformité
établis par un organisme notifié et dont la validité maximale est de cinq
ans.
Un système de gestion de la qualité englobe toutes les parties et éléments de
l’organisation d’un fabricant en rapport avec la qualité des processus, des
procédures et des dispositifs. Il régit les ressources requises en matière de
structure, de responsabilités, de procédures, de processus et de gestion pour
appliquer les principes et les mesures nécessaires afin de garantir la conformité
avec les dispositions du présent règlement. Un tel système est indispensable afin
de garantir la sécurité d’usage du DM. À titre d’exemple, en 2013, la Food and
Drug Administration (FDA) a rappelé des guides de coupe orthopédiques
défectueux. Un tel événement doit être prévenu et empêché en
amont (409 ) .
L’article 10 du règlement UE 2017/745 présente les obligations générales des
fabricants. Ainsi, les alinéas 9 et 10 expliquent les principes de réalisation d’un
système de gestion de la qualité. Le système de gestion de la qualité porte au
moins sur les aspects suivants (125 ) .
Une stratégie de respect de la réglementation, notamment le respect
des procédures d’évaluation de la conformité et des procédures de
gestion des modifications apportées aux dispositifs concernés par le
système.
L’identification des exigences générales en matière de sécurité et
de performances et la recherche de solutions pour les respecter.
La responsabilité de la gestion.
La gestion des ressources, et notamment la sélection et le contrôle des
fournisseurs et sous-traitants.
L’évaluation clinique conformément à l’article 61
et à l’annexe XIV, dont les suivis cliniques après commercialisation
(SCAC).
La réalisation du produit, y compris la planification, la conception,
l’élaboration, la production et la fourniture de services.
L’élaboration, la mise en œuvre et le maintien d’un système de
surveillance après commercialisation conformément à l’article 83.
La gestion de la communication avec les autorités compétentes, les
organismes notifiés, les autres opérateurs économiques, les clients
et/ou d’autres parties prenantes.
Les processus de notification des incidents graves et des mesures
correctives de sécurité dans un contexte de vigilance.
La gestion des mesures correctives et préventives et la vérification de
leur efficacité.
Les procédures de contrôle et de mesure des résultats, d’analyse des
données et d’amélioration des produits.
Pour résumer, le système de gestion de la qualité doit permettre
de :
présenter la stratégie de conformité avec l’article 5.5 et l’annexe I ;
réaliser un plan de gestion de risque ;
identifier, évaluer et générer les données ;
présenter la documentation de fabrication ;
établir la traçabilité du DM ;
réaliser un suivi, une analyse, et une amélioration continue ;
communiquer avec les autorités compétentes.
Afin de répondre à ces exigences réglementaires et à la norme EN ISO 13485 :
2016, le service de chirurgie maxillo-faciale du CHU de Nantes a rédigé un manuel
réglementaire. Il permet de regrouper les informations inhérentes à la tenue d’un
système de gestion de la qualité. Ce manuel se compose d’informations relatives
aux aspects suivants.
Domaine d’application : normes et règlements respectés.
Documentation technique.
Exigences générales en matière de sécurité et de performances.
Actualisation des exigences et du respects des normes.
Processus de fabrication du DM.
Stérilisation du DM.
Matériel et matériau.
Condition d’utilisation.
Déclaration d’évènements indésirables.
Surveillance post fabrication.
De plus, le CHU de Nantes s’est doté d’un dispositif d’audit interne via son
service de gestion de la qualité. L’objet de cet audit est de contrôler le bon respect
du système de gestion de la qualité, avec notamment le respect des procédures
décrites concernant la fabrication ainsi que le suivi post-fabrication, et la bonne
tenue de la documentation.
11 Plan de gestion de risque
La fabrication et l’utilisation des DM s’effectuent dans le cadre de systèmes de
gestion du risque appropriés. La réalisation d’un plan de gestion de risque est
encadrée par la norme EN ISO 14971 : 2019 : « Dispositif médicaux –
Application de la gestion des risques aux dispositifs médicaux » (410 ) . L’annexe I
du règlement (UE) 2017 / 745 présente le plan de gestion de risque comme un
« processus itératif continu concernant l’ensemble du cycle de vie d’un dispositif,
qui doit périodiquement faire l’objet d’une mise à jour systématique » .
Ainsi, d’après la section III de l’annexe I du règlement européen, les
fabricants :
établissent et documentent un plan de gestion des risques pour
chaque dispositif ;
déterminent et analysent les dangers connus et prévisibles
associés à chaque dispositif ;
estiment et évaluent les risques associés à l’utilisation
prévue et à une mauvaise utilisation raisonnablement
prévisible et qui se présentent lors desdites utilisations ;
éliminent ou maîtrisent les risques ;
évaluent l’incidence des informations issues de la phase
de production, en particulier du système de surveillance
après commercialisation, sur les dangers et la fréquence
à laquelle ils se présentent, sur les estimations des risques
associés aux dangers, ainsi que sur le risque global, le rapport
bénéfice/risque et le caractère acceptable du risque ;
au besoin, modifient les mesures de maîtrise des risques.
Le plan de gestion de risque va ainsi permettre d’éliminer ou réduire les risques
autant que possible grâce à une conception et une fabrication sûres. Le cas
échéant, il faudra prendre des mesures de protection adéquates, notamment sous
la forme d’alarmes, pour les risques qui ne peuvent être éliminés. Le fabricant
devra fournir des informations de sécurité (mises en garde / précautions
d’emploi / contre-indications) et, le cas échéant, une formation aux utilisateurs.
Le fabricant doit informer les utilisateurs de la présence d’un risque résiduel. À
noter que dans le cadre de la production d’un DM, le risque ne se limite pas à
celui auquel s’expose le patient, mais concerne également le fabricant et
l’utilisateur.
Lorsqu’il s’agit d’éliminer ou de réduire les risques liés à une erreur
d’utilisation, le fabricant doit réduire autant que possible les risques liés aux
caractéristiques ergonomiques du dispositif et à l’environnement dans lequel le
dispositif est utilisé. De plus, il prend en compte les connaissances techniques,
l’expérience, le niveau d’éducation et de formation et l’environnement d’utilisation
s’il y a lieu, ainsi que l’état de santé et la condition physique des utilisateurs
auxquels le dispositif est destiné.
Ainsi, tous les risques connus et prévisibles ainsi que tous les effets indésirables
sont réduits au minimum et sont acceptables au regard des bénéfices évalués
dans des conditions normales d’utilisation. Un plan de gestion de risques suit des
principes dynamiques et continus (figure 36 ).
Fi g u r e 36 : Processus de gestion de risques. D’après Laverne et al. (17 ) , https://doi.org/10.51257/a-v2-bm7017 . © Techniques de l'Ingénieur.
11.1 Évaluation du risque
La méthode d’analyse des risques utilisée au CHU de Nantes est « l’analyse
préliminaire des risques » (APR) (411 ) . Elle vise à identifier les éléments
dangereux d’un système et évaluer le potentiel de chacun à engendrer un accident
plus ou moins grave. C’est donc une analyse de risque a priori . Elle se base
également sur la norme ISO 14971 :2019 : « Dispositifs médicaux – Application
de la gestion des risques aux dispositifs médicaux » (410 ) .
Les différentes étapes durant lesquelles les risques sont présents sont :
l’examen clinique du patient,
la planification,
le processus d’impression,
le post-traitement,
le transport vers la stérilisation,
la stérilisation,
le conditionnement et l’étiquetage,
le temps chirurgical,
l’utilisation par le patient.
Après identification des risques inhérents à chaque étape, une évaluation
du risque initial est réalisée. Elle se fonde sur trois éléments :
la fréquence du risque,
la gravité du risque,
la maîtrise du risque.
Des mesures de réduction du risque (MRR) sont élaborées et mises en place
afin de réaliser une nouvelle évaluation du risque résiduel. Des valeurs de
criticité initiale et totale sont alors obtenues, permettant de prendre une décision
face au niveau de chaque risque.
Nous avons choisi d’utiliser les critères de l’échelle de
cotation des risques définie par la Haute autorité de santé
(HAS)
(tableau 5 à tableau 8 ).
Tableau 5. Niveau de gravité du risque. Source : HAS santé.
Tableau 6. Fréquence d’apparition du risque. Source : HAS santé.
La fréquence d’apparition dépend du nombre de gouttières fabriquées
chaque année et du taux d’utilisation. Nous avons considéré, dans le tableau
d’analyse des risques, un taux de fabrication et d’utilisation de deux lots de
gouttières par semaine.
Tableau 7. Maîtrise des risques. Source : HAS santé.
Tableau 8. Criticité totale standard. Source : HAS santé.
L’échelle de maîtrise des risques (M) comporte cinq échelons, allant de un,
pour un risque maîtrisé, à cinq, pour un risque non maîtrisé sans action
corrective mise en place.
La criticité est obtenue en multipliant entre elles les valeurs de la gravité, de la
fréquence et de la maîtrise du risque. La HAS propose des seuils de criticité
standards (tableau 8 ). Les criticités inférieures à 12 sont acceptables en l’état.
Entre 12 et 40 elles sont tolérables sous contrôle. Au-delà de 40 elles sont
inacceptables.
Le risque résiduel global est apprécié pour chaque situation où la
criticité totale du risque est tolérable sous contrôle, ou inacceptable. Le
risque résiduel global est pesé en fonction du rapport bénéfices/risques
appliqué au patient. Les critères d’acceptabilité d’un risque résiduel global
sont fondés sur la politique du fabricant. Ces critères incluent la collecte,
l’examen des données d’évaluation et de suivi clinique du DM, ainsi que la
littérature.
Le service de chirurgie maxillo-facial du CHU de Nantes a créé une procédure
particulière, avec une base de données collectant l’ensemble des informations, des
signalements, des effets indésirables et inattendus survenues lors et au décours de
la fabrication de la gouttière. Cette base de données est intégrée au système de
gestion de la qualité du dispositif médical. Toute survenue d’un événement
indésirable grave sera déclarée à la matériovigilance du CHU de Nantes
(paragraphe 12.2 ).
Analyse du risque
Le plan de gestion de risque est présenté ci-après avec les valeurs de risques et de
criticité correspondant avant et après MRR (tableau 9 à tableau 18 ).
Chacun de ces tableaux revient sur une étape spécifique décrite au point
précédent.
Ce plan est alimenté en continu par les éléments émanant du suivi du flux
de production et du suivi clinique, permettant une optimisation en continu selon la
survenue d’éléments anticipés ou non.
Tableau 9. Analyse de risques – examen clinique.
Tableau 10. Tableau 10. Analyse de risques – planification.
Tableau 11. Analyse de risques -- processus d'impression.
Tableau 12. Analyse de risques -- post-traitement.
Tableau 13. Analyse de risques -- transport vers la stérilisation.
Tableau 14. Analyse de risques -- stérilisation.
Tableau 15. Analyse de risques -- conditionnement et étiquetage.
Tableau 16. Analyse de risques -- utilisation par le patient.
Tableau 17. Analyse de risques -- utilisation par le patient.
Tableau 18. Analyse de risques -- surveillance, suivi clinique.
12 Évaluation clinique et suivi après commercialisation
La réglementation européenne 2017/745 impose, conformément à son
annexe XIV, la réalisation d’une évaluation clinique et d’un suivi après
commercialisation (125 ) . Cependant, l’alinéa 12 de l’article 61 du chapitre VI
exclut les DM sur mesure de la réalisation d’une évaluation clinique. Les DM sur
mesure sont néanmoins soumis à la réalisation d’un SCAC défini à la
partie B de l’annexe XIV. Ce suivi permettra au fabricant de notifier aux
autorités compétentes tout incident grave ou toute mesure corrective de
sécurité dès qu’il en a connaissance, conformément à l’article 87,
paragraphe 1.
12.1 Suivi clinique après commercialisation (SCAC)
Exigences réglementaires
Le règlement définit le SCAC comme « un processus continu de mise à
jour de l’évaluation clinique [...], il s’inscrit dans le plan de surveillance
après commercialisation établi par le fabricant. Dans le cadre du SCAC, le
fabricant collecte et évalue de manière proactive les données cliniques
résultant de l’utilisation chez ou sur les humains d’un dispositif [...] mis en
service conformément à sa destination, comme prévu dans la procédure
d’évaluation de la conformité correspondante, dans le but de confirmer la
sécurité et les performances pendant toute la durée de vie prévue du
dispositif, d’assurer le caractère constamment acceptable des risques identifiés
et de détecter les risques émergents sur la base d’éléments de preuve
concrets » (125 ) .
La réalisation du SCAC se fait selon la rédaction d’un plan précisant
les méthodes et les procédures à suivre pour collecter et évaluer de
manière proactive des données cliniques. Ces données vont permettre
de :
confirmer la sécurité et les performances du DM ;
identifier les effets secondaires inconnus ;
analyser les risques selon le recueil d’éléments de preuve concrets ;
garantir que soit constamment acceptable le rapport bénéfice/risque ;
identifier tout mésusage.
Selon la partie B de l’annexe XIV du règlement UE 2017/745 (125 ) , en plus des
données cliniques, et du retour des utilisateurs, le SCAC doit comporter une
justification de son plan, une référence aux normes harmonisées utilisées par le
fabricant, un calendrier détaillé et justifié du plan du SCAC, et une revue de la
littérature concernant les données cliniques d’utilisation s’intéressant notamment
aux DM équivalents ou similaires.
À l’issue du suivi clinique, le fabricant analyse les résultats du SCAC et les
documente dans un rapport d’évaluation du SCAC. Les conclusions du rapport
d’évaluation du SCAC sont prises en compte pour la gestion des risques visée à
l’annexe I, section 3 du règlement UE 2017/745. Si le SCAC met en évidence la
nécessité de mesures préventives et/ou correctives, alors le fabricant doit mettre
en place de telles mesures.
En pratique
Des questionnaires permettant de recueillir les éléments demandés par le
règlement assurent le suivi des DM. L’utilisateur des gouttières est principalement
le chirurgien. Un questionnaire de satisfaction lui est remis en fin d’intervention afin
de procéder au recueil du retour d’usage. Dans le cadre du port de la gouttière
finale en post-opératoire immédiat jusqu’à la sortie d’hospitalisation, une série
de questions peut s’adresser plus spécifiquement au patient afin de recueillir son
expérience.
12.2 Notification des incidents graves et mesures correctives de sécurité
Exigences règlementaires
Le suivi d’utilisation du DM vise notamment à l’identification d’incidents graves.
Cette notion est encadrée par l’article 87 du règlement européen (125 ) . Ainsi, le
fabricant se doit de notifier à l’ANSM :
tout incident grave, à l’exception des effets secondaires attendus
clairement documentés dans les informations relatives au produit ;
toute mesure corrective de sécurité.
Cette notification doit se faire immédiatement après qu’ait été établi un
lien de causalité entre l’incident et le DM, dans un délai maximum de quinze jours.
Ce délai est raccourci à dix jours en cas de décès, et à deux jours en cas de
menace grave pour la santé publique. Pour permettre une notification dans ce
délai, le premier rapport peut être incomplet.
Le fabricant devra ensuite publier dans le plan de surveillance après
commercialisation, un rapport de tendance afin d’identifier une augmentation
statistique de la fréquence ou de la sévérité de ces incidents.
En pratique
En cas de survenue d’un événement indésirable, une procédure de déclaration
à la matériovigilance est prévue au sein du CHU de Nantes. La déclaration
comprend les informations suivantes :
réception et l’enregistrement des informations,
évaluation des informations pour déterminer si le retour d’information
constitue une réclamation,
analyse des réclamations,
détermination de la nécessité de signaler les informations à l’ANSM,
détermination de la nécessité de mettre en œuvre des corrections ou
des actions correctives.
Le CHU de Nantes prend toutes les mesures correctives ou préventives
jugées nécessaires, conformément à l’article 61 et à l’annexe XIV
du règlement UE 2017/745, et en informe l’ANSM, conformément à
l’article 87, paragraphe 1. Ces mesures sont intégrées à la gestion des
risques.
Rapport périodique actualisé de sécurité (PSUR)
Les gouttières étant un dispositif de classe I, le règlement n’impose pas la
rédaction d’un PSUR. D’une manière générale, le PSUR a pour but la
synthèse des résultats et des conclusions de l’analyse des données du
SCAC, et expose et justifie les mesures préventives ou correctives prises.
En plus de ces données, le PSUR doit comporter le volume des ventes du
dispositif et une estimation de la taille et d’autres caractéristiques de la
population utilisant le dispositif et, si possible, la fréquence d’utilisation du
dispositif.
La fréquence de publication du PSUR pour un DM de classe IIb est, comme
pour un DM de classe III, au moins annuelle.
Ainsi, à l’issue de la publication du PSUR, si les risques encourus par le patient
sont trop importants par rapport aux bénéfices attendus, ou si une thérapeutique
émergente disponible et accessible présente moins de risques, alors la fabrication
du DM devra être stoppée.
En cas de mesure corrective ou préventive identifiée dans le cadre du PSUR,
l’ensemble de la documentation sera remise à jour et l’ANSM sera informée des
modifications apportées. De même, en cas de modification dans le processus de
fabrication ou dans l’utilisation du DM, la documentation sera modifiée en
conséquence.
13 Documentation diverse pouvant être requise par l’autorité compétente
Dernier élément à détailler, l’article 5.5 indique que l’autorité compétente de
l’état membre (en France, l’Agence nationale de sécurité du médicament –
ANSM) peut à tout moment demander divers éléments de documentation à
l’établissement de santé.
Lors de la mise sur le marché :
type d’appareil,
destination,
groupe de patients cibles,
données sur la conception, sur la sécurité, sur les performances et sur
le bénéfice attendu,
justification de l’absence d’alternative d’un DM équivalent marqué CE
présent sur le marché répondant aux besoins du groupe de patients
cibles,
description du procédé de fabrication,
description des modifications le cas échéant,
informations sur l’utilisation.
Après une utilisation régulière :
toutes informations telles que décrites ci-dessus,
nombre d’unités produites,
justification de la traçabilité,
données relatives aux performances du DM en utilisation courante :
résultats / incidents / plaintes / actions correctives entreprises.
Il convient également de vérifier qu’il n’existe pas de spécificité locale d’un
état membre avant toute mise en circulation du DM in house .
14 Et maintenant ? Prochaines étapes nécessaires pour compléter le
dossier de certification
À l’heure où nous achevons la rédaction de cet ouvrage, le dossier
d’auto-certification du CHU de Nantes n’est toujours pas complet. Plusieurs
éléments restent à produire en vue de compléter le cycle de développement du
DM.
La justification de projet est l’étape la plus complexe des exigences
réglementaires. Une recherche exhaustive de l’absence de DM marqué CE
équivalent disponible sur le marché doit être conduite, notamment via la base de
données EUDAMED. Cependant, les exemples de Global D et Materialise suffisent
à démontrer l’inverse. En l’état actuel du règlement, il semble difficile de valider
le flux de production sans révision (414 ) .
En termes de démonstration, l’étude de déformabilité de la gouttière à la
suite de la stérilisation, ainsi que les études de biocompatibilités sont en cours de
réalisation. Une fois leurs résultats obtenus, ils seront à ajouter au Système de
management de la qualité (SMQ) du DM.
La question de la stérilisation doit également être tranchée. En effet
(section 6 ), nous avons opté pour une qualification de DM à « haut risque
infectieux » d’après la classification de Spaulding. Cependant, le site opératoire
endobuccal ne peut être stérile. De plus, le DM n’est pas en contact direct avec la
muqueuse lésée, ce qui permettrait de rétrograder sa classification. La
stérilisation des gouttières ne serait alors plus nécessaire et une désinfection
seule serait suffisante. Dans ce contexte, le protocole de gestion de risque,
la traçabilité et le parcours du DM seraient simplifiés et l’étude de
déformabilité serait inutile.
D’un point de vue organisationnel et logistique, plusieurs points restent à
définir. Le local dédié tel que décrit est en cours de révision afin de garantir la
sécurité du personnel et de limiter les risques d’inclusion de germes au cours du
processus d’impression. Le circuit et l’élimination des déchets toxiques de la
plateforme 3D doit encore être défini par les personnes compétentes au sein du
CHU.
Le protocole de suivi clinique doit également être mis en place lors du
lancement de la plateforme afin d’alimenter le SCAC.
Rapidement, la présence d’un responsable réglementaire et qualité rattachée
à la plateforme sera nécessaire afin de répondre aux nombreuses obligations tout
au long de la vie du DM.